Contenu
Poche
Réédition
Tout public
324 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-044487-8
Coll. "Policier", 657
Quand Lucrèce Borgia dansait le pogo
Un roman c'est un peu comme une maison : on assoit les fondations, on monte les murs et ainsi de suite. Le plus difficile c'est lorsque l'architecte décide de mélanger des styles différents. C'est justement ce qu'a construit François Boulay en écrivant cette Suite rouge.
Le roman se situe dans un futur proche alors qu'une guerre civile a fait des ravages en France. Cette guerre a laissé bien plus que des traces importantes car des gangs et des tueurs en série ont proliféré et agi avec rapidité et avidité le temps que le calme et l'ordre reviennent.
Mais Suite rouge, c'est avant tout un roman policier avec pour principal protagoniste José Salmon, ancien membre de gang, retiré des voitures après avoir éliminé son patron. José s'est marié, a eu deux enfants, et a repris un boulot honnête. Depuis la mort de sa femme, il vit une liaison avec Maria, une femme brillante. Mais, peu à peu, des événements étranges troublent sa tranquillité. Alors vient l'heure de se poser LA question : son ancien patron est-il réellement mort ?
Suite rouge, c'est également un roman aux lisières du fantastique avec un fantôme qui hante la maison, des ombres qui glissent dans le jardin, des morts qui reviennent parmi les vivants, et un accidenté sur un bord de route qui disparaît. Enfin, c'est un roman aux bornes du "grand-guignolesque populaire" avec des morts qui ne le sont pas vraiment, des filiations qui surgissent, et des malédictions criminelles qui traversent les générations.
La belle Maria, de son côté, étudie la période des Borgia. C'est peut-être une clé du roman que le rappel de cette période de la Renaissance, où les empoisonnements, les guerres civiles, les incestes et les luttes de pouvoir constituaient l'ordinaire.
François Boulay avait déjà entamé cette trajectoire avec Traces. Il la poursuit avec Suite rouge, œuvre indépendante de la première, mais servie par un style qui emprunte aux figures des genres qu'il évoque. L'auteur arrive à faire tenir en équilibre les différents genres pour créer une œuvre angoissante, une sorte de version punk ou gothique, vitaminée et sanglante, des romans que signaient conjointement Pierre Boileau et Thomas Narcejac.
Citation
Un salopard, un malade, égorgeait des chats devant ma porte, décapitait des oiseaux, tournait jour et nuit autour de ma maison, se faisait volontairement percuter par la voiture de Maria, multipliait les signes pour créer en nous la panique, pour me signifier que le spectacle n'en était qu'à ses débuts.