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Vol au-dessus d'un nid de ripoux
Grand format
Inédit
Tout public
368 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-2136-7238-0
Coll. "Document"
Police de Marseille : le côté obscur
Habitué des recueils thématiques (Parrains et Caïds, Ils se sont fait la belle en Livre de Poche), le journaliste d'investigation du magazine Marianne s'intéresse cette fois à une affaire qui est au cœur de l'actualité : celle d'une Brigade anti-criminalité Marseillaise, dont certains membres sont soupçonnés de corruption, trafic de drogue et complicité d'assassinat.
Voilà un travail de lecture rapide, dont le titre aurait pu être : Quand les policiers se transforment en voyous. Perquisitions secrètes, micmac marseillais, huit-clos entre hommes de pouvoir ou collègues véreux : les trois cent soixante pages de l'essai de Frédéric Ploquin s'enfilent aussi vite qu'un gilet pare-balles avant une intervention en cité.
L'auteur a choisi de raconter son enquête, qui s'étend d'août 2011 à décembre 2012, de façon chronologique, sous forme de mini-chapitres. Avec en guise de respiration pour le lecteur, un meurtre à la "kalach'" tous les quinze jours. Deux personnages principaux se dégagent de l'ensemble grâce à leur "alliance" qui permit de faire tomber les "ripoux" : Alain Gardère, préfet de police proche de Nicolas Sarkozy, envoyé en urgence à Marseille pour tenter d'endiguer le phénomène des règlements de comptes et de la délinquance de rue, et Sébastien Bernardo, surnommé "Zorro", flic de la Bac Nord, mis au placard car ne voulant pas "croquer" avec ses collègues. Les révélations du second, associées à l'esprit "M. Propre" du premier, ont permis d'ouvrir une enquête sur des faits qui, selon les Marseillais, duraient depuis les années 1990.
Pour accuser, il faut des preuves. Dans son livre, Frédéric Ploquin publie presque intégralement les conversations entre flics, dans les voitures de la Bac Nord. C'est la clé de voûte de l'enquête donnée par des micros placés dans les véhicules de fonction. Loin d'être très littéraires (insultes à toutes les lignes), elles ont l'avantage de montrer que les pratiques délictueuses de certains fonctionnaires étaient devenues des habitudes, et que les policiers agissaient en groupes, se découpant la carte du trafic de drogue comme on se découpe un gâteau.
Outre l'aspect factuel, accablant, l'auteur de Vol au-dessus d'un nid de ripoux n'oublie pas de se pencher sur le volet social et psychologique de ces dérives : des quartiers abandonnés par l'État où des réseaux de dealers armés jusqu'aux dents font la loi, et dans lesquels on lâche de jeunes flics trentenaires payés au smic, salivants devant des sacoches chargées de billets à chaque "flag" (dix mille euros de recette moyenne pour un bon réseau en une seule journée).
Si, entre ministères et tribunaux, on s'accorde pour étouffer l'affaire dans les prochains mois, le livre de Frédéric Ploquin restera comme un brûlot où on peut lire noir sur blanc que certains policiers marseillais ont franchi la ligne jaune. Et même pire ! Reste l'avenir.
La dernière page tournée, le lecteur va suivre l'évolution de l'enquête dans les médias.
Jusqu'au procès, qui pourrait bien aboutir à un non-lieu...
NdR - Texte co-écrit avec Michel Amelin.
Citation
On est la BAC. T'es pas content, c'est pareil. Ou tu donnes, ou on te met un rouleau dans la poche et on te fait tomber.