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Grand format
Inédit
Tout public
300 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2463-7
Coll. "Thriller"
Actualités
- 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière
Mercredi 12 juin s'est tenue à la BiLiPo une rencontre des jurés du Grand Prix de la littérature policière afin de dévoiler les deux sélections finales ("Roman francophone" et "Roman étranger"). Au cours de cette réunion, un hommage particulier à été rendu à Jean-Jacques Schléret, récemment décédé, membre du jury. En attendant les noms des lauréats, qui seront connus des jurés après la délibération finale du mardi 17 septembre 2013, voici le détail des sélections. Il est à noter que chaque sélection propose son lot de surprises, mais qu'il y a de toute évidence une plus grande diversité éditoriale dans la sélection francophone. Ainsi, l'on dénombre des ouvrages de chez Serge Safran, de La Manufacture de livres ou des éditions La Branche dans les "Romans francophones", alors que les "Romans étrangers" s'octroient des ouvrages de chez Liana Levi ou Baker Street. Mais les éditeurs qui sont les grands gagnants sont Rivages, Gallimard et Gallmeister. Les grands perdants sont à coup sûr Calmann-Lévy, Le Seuil et Actes Sud (même si l'on dénote un roman paru aux éditions Jacqueline Chambon, qui entretiennent un lien privilégié avec la maison fondée par Hubert Nyssen). Mais foin de forfanteries, les sélections !
Romans français :
- Rainbow Warriors, de Yal Ayerdhal (Au Diable Vauvert) ;
- La Fille de Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir") ;
- Ne lâche pas ma main, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Domaine français") ;
- L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran) ;
- Un long moment de silence, de Paul Colize (La Manufacture de livres) ;
- Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides") ;
- Le Dernier des treize, de Mercedes Deambrosis (La Branche, "Vendredi 13") ;
- I Cursini, d'Alix Deniger (Gallimard, "Série noire") ;
- L'Expatriée, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller") ;
- Un homme effacé, d'Alexandre Postel (Gallimard, "La Blanche") ;
- J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar") ;
- Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;
Romans étrangers :
- Boulevard, de Bill Guttentag (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Mères, de Samantha Hayes (Le Cherche midi, "Thriller") ;
- Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller") ;
- Dark Horse, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire") ;
- 22/11/63, de Stephen King (Albin Michel, "Romans étrangers") ;
- Le Royaume des perches, de Martti Linna (Gaïa, "Polar") ;
- Une belle saloperie, de Robert Littell (Baker Street) ;
- Il faut tuer Lewis Winter, de Malcom Mackay (Liana Levi, "Policier") ;
- Traversée vent debout, de Jim Nisbet (Rivages, "Thriller") ;
- Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller") ;
- Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandell (Rivages, "Thriller") ;
- Cuba libre, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire") ;
- Impurs, de David Vann (Gallmeisterr, "Nature writing") ;
- Lumière dans une maison obscure, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire").
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Réel inventé
Universitaire et médecin, Tobie Nathan travaille autour des différences culturelles avec comme point de départ la question de comment soigner si l'autre n'a pas la même vision du monde, si l'autre n'a pas les mêmes croyances. Toute la théorie psychiatrique occidentale part d'invariants comme le complexe d'Œdipe mais quid de son universalité ? Avec Les Nuits de Patience, l'ethnopsychiatre propose une mise en pratique extrêmement romancée de ce fossé culturel à travers la figure de deux personnages, Ernesto Sanchez, psychiatre occidental, bien dans sa peau et sa vie, et la jeune Patience, originaire de Guinée et qui avoue "manger des gens la nuit". Qu'estcce que cela recouvre exactement ? Est-elle une sorcière ? Pourquoi deux policiers français cherchent-ils à l'arrêter ? Quel rapport entre cette jeune femme et le président de Guinée, un militaire un peu lunatique qui veut la récupérer ?
Maitrisé stylistiquement, le roman ne cherche pas à asséner des vérités mais à nous faire progresser vers une meilleure compréhension des différences. En essayant de retrouver Patience en Guinée, Ernesto Sanchez se trouve être le jouet d'un univers fantastique dont il ne comprend pas les ressorts. Patience, elle-même, semble être enfermée dans le rôle que l'on veut lui faire jouer, car elle sait qu'elle est une sorcière, ou, du moins, qu'elle en possède les pouvoirs puisque tous croient qu'elle les a. La dérive et la folie du pouvoir, les corruptions ordinaires d'un pays en pleine déliquescence, les rapports de violence sont montrés au sein d'une intrigue qui, sans sombrer dans le manichéisme ou la description politique, vise juste. Le lecteur est plongé dans une vision qui oscille entre la description d'une réalité brute et les détails qui semblent échappés d'un long cauchemar, créant une atmosphère hypnotique d'où il est alors difficile de s'extraire.
Tout la virtuosité de Tobie Nathan nous pousse en pleine empathie, en pleine joie ou souffrance avec ses personnages, nous rend ce qu'il décrit comme éminemment réel, vivant, proche, même, si, en parallèle, c'est un monde fondamentalement étranger qui nous est proposé, nous obligeant à faire le travail qu'il accomplit lui-même, à savoir nous mettre dans la proximité de l'autre, dans son monde et son vocabulaire, pour comprendre au mieux ce qu'il ressent - qu'il s'agisse d'un prédicateur, d'un chef africain, d'un sorcier ou d'un militaire rebelle. En quelques romans, présentant une profonde unité mais évoquant des mondes différents, Tobie Nathan a créé une œuvre envoutante et imposante, dont Les Nuits de Patience est incontestablement le dernier reflet.
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2013
Citation
C'est un récit du début des temps, un temps avant le temps, avent le temps où on a commencé à compter le temps.