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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du danois par Alex Fouillet
Bordeaux : Mirobole, mars 2013
380 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 979-10-92145-00-7
Coll. "Horizons noirs"
Piqué au vif
On ne se remet jamais de ses blessures d'enfance, et celles-ci ont des incidences sur le futur. Le roman du Danois Inger Wolf, Nid de guêpes, s'intéresse au destin de trois enfants habitant deux maisons voisines de la ville d'Arhus, maltraités par un père qui ainsi brise trois vies. Des années ont passé lorsque la police est appelée sur une étrange affaire : un cadavre d'adolescent retrouvé mutilé dans une maison en vente, entouré de guêpes mortes. Peu d'indices, peu des suspects : une enquête somme toute classique quand soudain l'histoire prend une tournure tout autre. On apprend qu'un homme - hanté par des visions - s'est évadé d'un hôpital psychiatrique à proximité, et que cet aliéné est lui-même féru des insectes volants. Le roman se déroule sans accroc ni aspérités. L'enquête est lente et méthodique afin de retrouver l'assassin. L'auteur prend le soin de décrire la vie quotidienne des policiers chargés de l'affaire, dont le commissaire Daniel Trokic, originaire d'ex-Yougoslavie, personnage principal. Nid de guêpes s'ingénie à développer les détails, à s'installer dans le calme comme une colonie d'abeilles qui crée lentement son essaim et son nid. Comme les guêpes, le roman bourdonne, virevolte, avec des intentions qui sont celles des insectes, et pas forcément compréhensibles des humains.
À l'image de ces hyménoptères, le commissaire Daniel Trokic est une personne obstinée, pointilleuse, et tendue vers le détail et la perfection. C'est à partir d'un détail qui pourrait sembler anodin - un bijou aux formes particulières - qu'il va pouvoir remonter la piste, retrouver un témoin d'un crime passé des années plus tôt, d'une agression contre un enfant, pour découvrir que la mort actuelle n'est que la résurgence d'un drame passé enfoui dans la violence ordinaire intra-familiale. Étude psychologique, Nid de guêpes, pourtant, ne s'attarde pas sur le "cas" pathologique au centre du roman, mais développe de manière réaliste l'enquête. Du coup, le roman oscille entre ses deux pôles, sans trop choisir une véritable cible, ce qui empêche quelque peu de s'identifier soit au tueur, soit au policier. Sans doute, est-ce dans la série créée, dans le long terme (d'autres romans mettant en scène le commissaire existent, celui-là est le quatrième) que le roman prend toute sa dimension, poussant le lecteur à s'attacher aux pas de ce nouveau venu dont nous ignorons aujourd'hui des pans du passé.
Citation
L'espace d'un instant, elle avait vu ce que les autres dissimulaient dans leur appentis, et elle avait été punie. Si elle caftait, on la battrait à mort.