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Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nadine Gassie
Paris : Albin Michel, mars 2013
944 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-226-24694-3
Coll. "Romans étrangers"
Actualités
- 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière
Mercredi 12 juin s'est tenue à la BiLiPo une rencontre des jurés du Grand Prix de la littérature policière afin de dévoiler les deux sélections finales ("Roman francophone" et "Roman étranger"). Au cours de cette réunion, un hommage particulier à été rendu à Jean-Jacques Schléret, récemment décédé, membre du jury. En attendant les noms des lauréats, qui seront connus des jurés après la délibération finale du mardi 17 septembre 2013, voici le détail des sélections. Il est à noter que chaque sélection propose son lot de surprises, mais qu'il y a de toute évidence une plus grande diversité éditoriale dans la sélection francophone. Ainsi, l'on dénombre des ouvrages de chez Serge Safran, de La Manufacture de livres ou des éditions La Branche dans les "Romans francophones", alors que les "Romans étrangers" s'octroient des ouvrages de chez Liana Levi ou Baker Street. Mais les éditeurs qui sont les grands gagnants sont Rivages, Gallimard et Gallmeister. Les grands perdants sont à coup sûr Calmann-Lévy, Le Seuil et Actes Sud (même si l'on dénote un roman paru aux éditions Jacqueline Chambon, qui entretiennent un lien privilégié avec la maison fondée par Hubert Nyssen). Mais foin de forfanteries, les sélections !
Romans français :
- Rainbow Warriors, de Yal Ayerdhal (Au Diable Vauvert) ;
- La Fille de Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir") ;
- Ne lâche pas ma main, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Domaine français") ;
- L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran) ;
- Un long moment de silence, de Paul Colize (La Manufacture de livres) ;
- Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides") ;
- Le Dernier des treize, de Mercedes Deambrosis (La Branche, "Vendredi 13") ;
- I Cursini, d'Alix Deniger (Gallimard, "Série noire") ;
- L'Expatriée, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller") ;
- Un homme effacé, d'Alexandre Postel (Gallimard, "La Blanche") ;
- J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar") ;
- Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;
Romans étrangers :
- Boulevard, de Bill Guttentag (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Mères, de Samantha Hayes (Le Cherche midi, "Thriller") ;
- Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller") ;
- Dark Horse, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire") ;
- 22/11/63, de Stephen King (Albin Michel, "Romans étrangers") ;
- Le Royaume des perches, de Martti Linna (Gaïa, "Polar") ;
- Une belle saloperie, de Robert Littell (Baker Street) ;
- Il faut tuer Lewis Winter, de Malcom Mackay (Liana Levi, "Policier") ;
- Traversée vent debout, de Jim Nisbet (Rivages, "Thriller") ;
- Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller") ;
- Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandell (Rivages, "Thriller") ;
- Cuba libre, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire") ;
- Impurs, de David Vann (Gallmeisterr, "Nature writing") ;
- Lumière dans une maison obscure, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire").
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Autant en emporte le temps
À presque soixante-dix ans, Stephen King connaît une seconde jeunesse. Ceux qui l'avaient enterré trop vite – dont votre serviteur repentant – n'ont pu nier l'évidence : le vieux lion a décidé de montrer qu'il sait encore rugir, et ses coups de griffes font mal. Très mal même, après le monument de littérature à l'estomac qu'était Nuit noire, pas d'étoiles. On connaît le point de départ tout simple de ce roman "événement" venu à point pour faire se pâmer les salonnards chez qui toute évocation de l'Amérique profonde invoque un orgasme pavlovien. Or ce pavé prend la forme d'un récit de voyage dans le temps très classique : ce n'est certes que vers la fin qu'on a un semblant d'explication, et si l'on sait que toute tentative de changer le cours des choses débouche forcément sur une catastrophe, même avec les meilleures intentions du monde, c'est la façon dont on y arrive qui compte. Le plaisir est aussi dans la façon dont les choses dérapent, Stephen King offrant un mini-cours d'histoire alternative assez jouissif.
À travers cette évocation d'un pseudo-âge d'or, celui de l'innocence perdue cher aux adeptes d'un "c'était mieux avant" fantasmé (à l'inverse de l'œuvre de James Ellroy, qui postule que cet "âge de l'innocence" n'a jamais existé et n'est qu'une construction mentale), on pouvait craindre que King tombe dans les travers du rose bonbon qu'ont souvent employé ses imitateurs (genre Robert McCammon et son Mystère du Lac, postulant que grandir dans une petite ville dans les années 1960 était le summum de l'expérience humaine et le nadir du bonheur), mais l'auteur n'est pas assez naïf pour ça : si on a tous les clichés du style "le coca était moins cher et avait du goût", il n'élude pas le racisme, le sexisme, l'exploitation et la crainte constante du danger nucléaire. Ce roman est tout ça, et plus une œuvre transgenre, voire de "blanche" qu'un roman fantastique ou un suspense car la description minutieuse de la vie quotidienne du personnage principal au long de cet énorme roman - dont un passage qui n'est pas sans rappeler Le Cercle des poètes disparus - n'est pas anodine.
C'est à sa conclusion que se révèle la véritable nature du roman : ce n'est pas un récit de voyage dans le temps, pas non plus un roman sur l'assassinat de Kennedy (renversant le paradigme hollywoodien voulant qu'il suffit d'éliminer le méchant de service pour que tout redevienne parfait dans le meilleur des mondes), mais tout simplement une histoire d'amour entre deux êtres qui n'ont rien d'exceptionnel, mais qui vivent ensemble l'aventure que le destin leur a imposé malgré eux. Et en refermant la dernière page (avec un ouf de soulagement, parce que tout de même, neuf cents pages bien tassées...), on se dit que décidément, ce vieux lion a plus d'un tour dans son sac. Nous n'entrerons pas dans la controverse d'une traduction discutable, celle-ci ayant déjà fait couler bien assez d'encre virtuelle sur le net. Nous nous contenterons d'attendre avec impatience de voir comment ce Schtroumpf farceur déposant ses paquets explosifs prêts à vous sauter à la figure va trouver encore le moyen de nous surprendre...
Citation
Les petites villes sont pleines de grands yeux reliés à des bouches bavardes.