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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'allemand par Justine Coquel
Paris : Jacqueline Chambon, février 2013
284 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-330-01520-6
Bombe glacée
Imaginez que, pressé par un rendez-vous d'affaires, vous passiez un contrôle des plus banals. Sauf qu'on ne vous laisse pas embarquer. Le temps passe. On vous met dans une pièce à part. Qu'avez-vous fait ? Vous l'ignorez. Et voilà que tout d'un coup, on vous accuse d'avoir fréquenté une terroriste ! Et vous vous retrouvez soudainement en cellule, sans moyen de prévenir votre famille, sans savoir comment vous en sortir. Voilà le cauchemar que vit l'avocate Valérie Weyman, le tout, bien sûr, au nom de la sacro-sainte "sécurité". Un point de départ déjà traité par le cinéma (Rendition, entre autres), qui donne ici un roman d'espionnage... en fait assez conventionnel : interrogatoires (musclés, comme lors d'un passage particulièrement terrifiant de violence), rencontres entre agents, rendez-vous et assassinats "ciblés" se multiplient avec cette espèce d'atmosphère de grisaille typique du genre post-Le Carré, le tout à travers une intrigue limpide. Et lorsque la trahison et le mensonge mènent le bal, personne n'est épargné, encore moins les attiseurs d'hystérie et les grands défenseurs du monde libre que sont les agents de la C.I.A... Quitte à ce que les citoyens ordinaires pris dans la machine à broyer se retrouvent "Machtlos", impuissants, comme le souligne le titre originel. Plutôt que l'action à la Jason Bourne, l'auteur a choisi la crédibilité et un démontage des délires pseudo-sécuritaires auquel s'adonne un Occident qui a peur de son ombre. Rien que du bon donc dans ce livre à la démonstration claire sans céder dans le didactisme ? Pas tout à fait. L'auteur a usé d'un style dépouillé, factuel et froid qui, s'il refuse le pathos ou les grands effets, ne développe pas assez ses personnages centraux et, donc, perd de l'empathie qu'on pourrait éprouver pour cette femme trahie et livrée à des brutes sans scrupules. Il en reste un bon roman d'espionnage qui appuie là où ça fait mal, mais qui souffre de sa propre froideur. Simple scories pour un premier roman bien loin de démériter.
Nominations :
Grand Prix des Lectrices de "Elle" Policier 2014
Citation
Valerie était contre la violence. Elle condamnait le terrorisme sous toutes ses formes, même si elle considérait qu'il était dû à une répartition inégale des richesses mondiales, aux vices de la mondialisation et qu'elle essayait de combattre cela dans la mesure de ses moyens.