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Sa vie dans les yeux d'une poupée
Grand format
Inédit
Tout public
328 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-259-21399-8
Coll. "Suspense thriller"
Rédemption impossible
Dès les premières pages du nouveau roman d'Ingrid Desjours, deux personnages se télescopent et, du coup, leur vie déjà chamboulée va s'en trouver encore plus transformée. L'un des deux, Barbara Bilessi, jeune femme de vingt-quatre ans, plutôt transparente, cache son désespoir et vit sous la coupe d'une mère aveugle. Cette toute nouvelle esthéticienne se retrouve suivie puis violée dans un parc. Son dédoublement de personnalité n'attendait que ce moment pour se déclarer. L'autre, Marc Percolèse, capitaine de police trompé par sa femme, a été victime d'un accident de la route. Sa femme y a perdu la vie, lui une jambe. Depuis, malgré sa reprise de service, il ne peut s'empêcher de hurler sa rage envers la société. Quelques mois plus tard, une tueuse en série s'en prend aux hommes qu'elle appâte comme prostituée. Marc Percolèse réussit à reconnaitre, malgré une photo floue, Barbara Bilessi. Il cherche à la piéger mais se retrouve lui-même piégé par la force des sentiments qui l'amènent tout naturellement à la croire innocente.
Sa vie dans les yeux d'une poupée, roman centré autour de ces deux personnages, déroule des trajectoires de vie différentes, de leur rencontre fortuite à leurs retrouvailles sanglantes. L'étude fine sur Barbara Bilessi montre à quel point Ingrid Desjours s'est documentée pour nous présenter un quasi cas d'école d'une personne assassine qui souffre de crises de multiple-personnalités, et elle parvient à le retranscrire de manière logique et évidente. Si évidente peut-être qu'une part du suspense disparait pour les lecteurs vraiment amateurs du genre. Son capitaine de police qui, finalement, passant par le cynisme le plus brutal, croit trouver un avenir plus heureux en essayant de prouver l'innocence de celle qu'il pense être victime de son entourage, ouvre quelques pages plus alertes dans un roman aussi sombre que la psyché et le cagibi où vit son héroïne. Le choix de n'évoquer que ces deux acteurs, réduisant les autres à des figurines dans le décor, renforce, stylistiquement, l'angoisse et l'oppression nauséeuse du texte. Une nausée qui gagne les personnages, dont le corps est malmené de bout en bout - amputation, énucléation, accouchement sordide, viol horrible, fellation imposée, désincarcération de corps dans des voitures en flammes... - pour faire encore mieux ressortir la "propreté" de l'amour naissant entre ces deux estropiés de la vie.
Citation
En le serrant contre elle, le corps de l'enfant, dans un état de putréfaction plus avancé encore que celui des deux autres cadavres, laisse échapper un gargouillis ainsi qu'un liquide sirupeux.