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Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, mai 2013
264 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-2521-4
Coll. "Thriller"
Actualités
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Mercredi 12 juin s'est tenue à la BiLiPo une rencontre des jurés du Grand Prix de la littérature policière afin de dévoiler les deux sélections finales ("Roman francophone" et "Roman étranger"). Au cours de cette réunion, un hommage particulier à été rendu à Jean-Jacques Schléret, récemment décédé, membre du jury. En attendant les noms des lauréats, qui seront connus des jurés après la délibération finale du mardi 17 septembre 2013, voici le détail des sélections. Il est à noter que chaque sélection propose son lot de surprises, mais qu'il y a de toute évidence une plus grande diversité éditoriale dans la sélection francophone. Ainsi, l'on dénombre des ouvrages de chez Serge Safran, de La Manufacture de livres ou des éditions La Branche dans les "Romans francophones", alors que les "Romans étrangers" s'octroient des ouvrages de chez Liana Levi ou Baker Street. Mais les éditeurs qui sont les grands gagnants sont Rivages, Gallimard et Gallmeister. Les grands perdants sont à coup sûr Calmann-Lévy, Le Seuil et Actes Sud (même si l'on dénote un roman paru aux éditions Jacqueline Chambon, qui entretiennent un lien privilégié avec la maison fondée par Hubert Nyssen). Mais foin de forfanteries, les sélections !
Romans français :
- Rainbow Warriors, de Yal Ayerdhal (Au Diable Vauvert) ;
- La Fille de Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir") ;
- Ne lâche pas ma main, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Domaine français") ;
- L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran) ;
- Un long moment de silence, de Paul Colize (La Manufacture de livres) ;
- Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides") ;
- Le Dernier des treize, de Mercedes Deambrosis (La Branche, "Vendredi 13") ;
- I Cursini, d'Alix Deniger (Gallimard, "Série noire") ;
- L'Expatriée, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller") ;
- Un homme effacé, d'Alexandre Postel (Gallimard, "La Blanche") ;
- J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar") ;
- Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;
Romans étrangers :
- Boulevard, de Bill Guttentag (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Mères, de Samantha Hayes (Le Cherche midi, "Thriller") ;
- Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller") ;
- Dark Horse, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire") ;
- 22/11/63, de Stephen King (Albin Michel, "Romans étrangers") ;
- Le Royaume des perches, de Martti Linna (Gaïa, "Polar") ;
- Une belle saloperie, de Robert Littell (Baker Street) ;
- Il faut tuer Lewis Winter, de Malcom Mackay (Liana Levi, "Policier") ;
- Traversée vent debout, de Jim Nisbet (Rivages, "Thriller") ;
- Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller") ;
- Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandell (Rivages, "Thriller") ;
- Cuba libre, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire") ;
- Impurs, de David Vann (Gallmeisterr, "Nature writing") ;
- Lumière dans une maison obscure, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire").
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Métaphysique du thriller : l'éléphant et les fourmis
James Sallis a toujours été une voix à part dans le roman policier, un peu à l'instar de Jim Nisbet. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas forcément les femmes fatales, les pistolets rutilants et les cambriolages bien huilés, mais une évocation souvent tendre et poétique de ces mêmes événements qu'il rapporte. Avec Le Tueur se meurt, il décide de travailler sur l'histoire de Chrétien, un vieux tueur à gage, mais ne peut se résoudre à raconter la traque solitaire d'une proie pour abattre une énième cible. Nous ne tardons cependant pas à découvrir que la victime est une cible choisie au hasard, et que le but est de démasquer le tueur. Pourquoi ?
La réponse est encore plus étrange que la question. Dans sa volonté de transformer le récit, James Sallis raconte non pas un assassin exceptionnel et machiavélique, mais un homme fatigué - comme Clint Eastwood dans ses westerns crépusculaires -, qui est sur le point de mourir. De façon tout aussi symptomatique, le tueur est capable de tomber inconscient alors qu'il surveille son futur contrat. Son souci est simple : chargé de tuer un pauvre comptable, il arrive pour constater que le travail est déjà à moitié fait. Chrétien veut comprendre par qu'il a été doublé et pourquoi. Mais entre sa maladie qui le ronge et son esprit qui se perd, il n'a plus qu'une seule solution, ô combien ennuyeuse : demander l'aide de la police ! Le récit devient donc un labyrinthe où nous suivons Sayles, un policier, angoissé par la disparition programmée de sa femme qu'il ne peut aller voir à l'hôpital, et par son collègue quelque peu suicidaire. En parallèle, et c'est tout le charme de l'auteur, James Sallis ne peut se résoudre à consigner uniquement cette lente et poétique mort apaisée d'un tueur qui ne regrette rien, et qui a mené sa vie solitaire sans angoisse. En guise de contrepoint, il nous dépeint le parcours de Jimmy, dix ans, qui vit de petites ventes sur Internet, de petits riens pour se débrouiller seul. Sa mère puis son père ont quitté une maison où il est reclus, juste surveillé de loin avec bienveillance par une immigrée. Révélant ainsi un hymne à la vie naissante et solitaire en contre-mélodie à la fin "éléphantesque" de son tueur, vieux mâle qui se rend seul au cimetière. Pendant ce temps, les policiers nagent en plein brouillard. S'ils ne comprennent pas bien ce qui se passe, il n'en continuent pas moins leur travail infini de fourmis, symbolisant une humanité déboussolée, qui fonctionne par ce qu'il faut bien qu'elle fonctionne.
Le Tueur se meurt est encore un roman qui pourra faire grincer des dents aux puristes du genre, tant il se joue sur des petits riens - ces interstices entre les actions possibles. Le Tueur se meurt évite tout le sensationnel, tout le pathos de la mort, du tueur impitoyable appliquant un plan diabolique pour exécuter une cible parfaite pour, au contraire, nous offrir un lent et majestueux travelling sur des individus de chair, des humains englués dans leur quotidien et qui essayent d'y survivre, d'y trouver leur place, peut-être même d'y déceler une once de chaleur qui laisserait croire que tout cela a un sens. Avec en prime la plume déliée et poètique de James Sallis.
Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2014
Citation
Dans l'avant-toit de ce motel bas de gamme loué à la semaine, sous une poutre d'angle juste sous le rebord, un pigeon s'est fabriqué un nid, dont l'un des oisillons est tombé.