Washington Noir

Alors on leur avait retiré les pneus et, eux, ils avaient pris l'autobus, et quand on a mis le feu aux autobus, ils sont allés à pied. Et on pouvait pas leur couper les pieds. Pas à tous, du moins.
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Nouvelle - Policier

Washington Noir

Social - Braquage/Cambriolage - Drogue - Assassinat MAJ lundi 06 mai 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Washington Noir - 2005
Anthologie présentée par George P. Pelecanos
Préface de George P. Pelecanos
Robert Wisdom (nouvelle)
David Slater (nouvelle)
Quintin Peterson (nouvelle)
Jim Patton (nouvelle)
Norman Kelley (nouvelle)
Kenji Jasper (nouvelle)
Lester Irby (nouvelle)
Jennifer Howard (nouvelle)
Jim Fusilli (nouvelle)
Richard Currey (nouvelle)
Ruben Castaneda (nouvelle)
Jim Beane (nouvelle)
Robert Andrews (nouvelle)
Laura Lippman (nouvelle)
James Thomas Grady (nouvelle)
George P. Pelecanos (nouvelle)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sébastien Doubinsky
Paris : Asphalte, avril 2013
280 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-31-2
Coll. "Asphalte noir"

Les voies du Capitol

"La Lumière et l'obscurité". Nul titre de nouvelle ne sied mieux aux recueils de la collection "Asphalte Noir" que celui de Robert Wisdom connu avant tout pour être acteur, et notamment pour incarner Howard "Bunny" Colvin dans The Wire. Mais Baltimore nous écarte de Washington, cette ville si particulière des États-Unis puisque - comme le rapporte George P. Pelecanos dans son excellente préface qui explicite les raisons du choix du noir pour aborder les problématiques de sa ville -, "le gouvernement fédéral contrôle les cordons de la bourse". Dans cette ville où le poids des électeurs n'importe que pour les élections présidentielles, il n'est pas besoin de plaire, et du haut de Capitol Hill se manigance un partage peu glorieux qui n'a que peu de rapport avec le découpage ici créé pour nous donner quatre fois quatre aperçus d'un quotidien à la violence banalisée. Quoique.

L'anthologie date de 2005 et, dans un monde qui va à cent à l'heure, en huit ans la société a beaucoup évolué. C'est pourquoi il se dégage de cet ensemble un petit air passéiste de rigueur, qui nous amène également à réfléchir. Non pas sur les faits divers et les problématiques qu'il engendre. Là, rien n'a changé ou presque. D'ailleurs, c'est à se demander s'il n'aurait pas été mieux que rien ne change. Le gouffre entre la upper class et la middle class s'est encore approfondi. Alors, ne parlons même pas de cette basse classe dont parlent nos seize auteurs. Non, ça nous amène à réfléchir sur l'aspect chronophage d'une ville sur laquelle, peut-être plus qu'ailleurs car capitale, la gouvernance républicano-démocrate empiète sur l'humain. Washington, entre lumière et obscurité, donne son lot de folie et de ressentiment. Les prix des loyers flambent et l'on découvre un cuisinier de restaurant qui fait le service pour cumuler les pourboires et tenter d'obtenir en vain mille dollars à la fin de son moi(s), réduit à être considéré comme un moins que rien - et par son patron, et par ces jeunes en costume descendant de Capitol Hill. Tiens, Capitol Hill, le monde de la politique. Étrangement, avant la nouvelle de James Grady, il n'en est que très peu question. Là, en quelques pages, l'auteur des Six jours du condor nous en donne une véritable leçon alors qu'un conseiller trimballe un corps dans le coffre de sa voiture sous un déluge de pluie. Absurdité du temps qui passe, absurdité de la politique et de la politique sécuritaire à outrance.

Mais avant, il aura été question de flics pourris, d'indics âpres au gain, de mafia et du lutte de pouvoirs avec le double rapt de filles de chefs de gang qui accouche sur un viol et un meurtre, où encore de l'histoire angélique d'un Nigérian en butte à un mafieux nouvellement venu d'Europe de l'Est, une des rares nouvelles qui se finit en toute bonne morale. Washington est une ville comme toutes les mégapoles américaines : à la fois identique à toutes les autres par son aspect gigantesque, et avec ses caractéristiques. Et le propre de ces auteurs, dans cette jolie anthologie, c'est bien de s'attarder sur ces petits détails qui la rendent sale mais singulière. Horrible mais attirante.

NdR - L'anthologie comporte les nouvelles suivantes :
Partie I - D.C. dévoilée : "L'Indic de confiance" (George P. Pelecanos), "Première fois" (Kenji Jasper), "La Capitale du monde" (Jim Patton) & "Les Noms des perdus" (Richard Currey).
Partie II - Rues et ruelles : "À l'est du soleil" (Jennifer Howard), "La Ruelle de Solomon" (Robert Andrews), "La Lumière et l'obscurité" (Robert Wisdom) & "La Femme et l'Hypothèque" (Laura Lippman).
Partie III - Flics et voleurs : "Froid comme la glace" (Quintin Peterson), "Dieu n'aime pas les trucs moches" (Lester Irby), "La Chasse au coyote" (Ruben Castaneda) & "Jeanette" (Jim Beane).
Partie IV - La Colline et ses frontières : "Le Principe fondamental" (James Grady), "Le Pourboire" (David Slater), "Le Messager de Soulville" (Norman Kelley) & "Le Pigeon" (Jim Fusilli).

Citation

Faire éclater en public une vérité impossible à prouver ne pourrait jamais sauver Joel. Cela couperait juste les couilles d'un sénateur, le privant de tout pouvoir.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 05 mai 2013
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