Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos
Paris : Gallmeister, mai 2013
304 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-35178-529-4
Coll. "Totem", 29
Attitude mortelle
Sous ses aspects de dur à cuir, Lew Archer cache un cœur de guimauve. L'image est un peu forcée, mais pour se retrouver sempiternellement dans les pires merdiers de San Francisco, il faut bien avoir une faiblesse. En l'occurrence, c'est la photo d'une très jolie fille qui achève de convaincre le détective d'enquêter sur sa disparition. Au grand soulagement de sa mère, qui vit dans une maison de Santa Monica dans un dénuement qui force le désintéressement de l'enquêteur. Galatea est mariée à un homme de la pègre dont le frère - qui brasse les mêmes affaires - est à l'hôpital victime semble-t-il d'un joli passage à tabac malgré ses dénégations. Donc, il n'y a pas que Galatea qui a disparu. D'ailleurs, Lew Archer n'aura aucun mal à retrouver sa trace en déblayant un terrain miné de drogue et de trafiquants - ce qui aura entre autres pour effet assommant de faire nombre de rencontres toutes les plus intéressantes les unes que les autres avec autant de personnages pour cacher qui leur identité, qui leur motivation. Mais, on est tous égaux devant une arme, surtout lorsqu'elle joue sa musique mortuaire. Et des cadavres, dans cette histoire, Archer en trouve : des chauds bouillants, et un autre froid comme seule la mort peut en créer. Seulement, entre le début et la résolution de cette enquête, il aura pris le temps, comme à son habitude, de remuer la fange de la ville sans trop se soucier des forces de l'ordre et de son occiput. Pour ce troisième volet, Ross McDonald prend un soin particulier pour nous immerger dans le monde de la pègre. Archer, son détective, est amené à jouer un jeu trouble. Sans cesse sur le fil du rasoir, il combine pour arriver à ses fins avec une causticité propre aux héros de hard boiled, prenant le risque d'être conventionnel dans la bousculade des conventions criminelles. Mais le garçon force toujours autant le respect par son désintérêt pour sa propre vie au profit de ses convictions. Il finit cette aventure avec un certain nombre de cadavres et de pleurs sur le dos. Le roman se lit d'une traite, amplifiée plus que jamais par la traduction compréhensive de l'œuvre de Ross McDonald par Jacques Mailhos. Une lecture qui fait espérer le prochain roman d'un écrivain resté trop souvent dans l'ombre de ses prédécesseurs Dashiell Hammett et Raymond Chandler.
Citation
Il maugréa et me tendit un billet de 100 dollars. L'argent tire sa consistance des gens qui l'ont manipulé. Ce billet se tortilla dans ma main comme une grosse chenille verte.