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Grand format
Réédition
Tout public
Jean-Marc Delhausse (lecteur)
Traduit du français par Éric Boury
Paris : Audiolib, avril 2013
1 CD MP3 19 x 14 cm
ISBN 978-2-35641-579-0
Actualités
- 07/11 Édition: Parutions de la semaine - 7 novembre
- 10/03 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points
Huit des neuf titres en compétition pour le Prix du meilleur polar des lecteurs de Points sont maintenant connus. Fidèle à son habitude, ce prix qui a déjà récompensé par le passé Antonin Varenne (Fakirs, 2010), Pete Dexter (Cotton Point, 2011), Tana French (Les Lieux infidèles, 2012) et Tomas H. Cook (Au lieu-dit Noir-Étang..., 2013), propose une sélection hétéroclite puisée dans les trois collections que sont "Policiers", "Thrillers" et "Roman noir". Si la sélection se dévoile peu à peu avec un ou deux, voire trois titres par mois, les jurés ont dix mois pour faire leur choix. De janvier à octobre 2014, avec un nombre sans cesse croissant au fil des éditions, ce ne sont pas moins de quarante lecteurs amateurs et vingt plus professionnels qui se plongent (ou replongent puisqu'il s'agit de romans déjà publiés en grand format) dans des récits où intrigue, style et crime font mauvais ménage. Malheureusement, les personnes qui se montreraient intéressées pour faire partie du jury des lecteurs amateurs devront ronger leur frein puisque le dépot des candidatures est clos depuis le 10 mars. Il n'en demeure pas moins que vous pouvez aller naviguer sur le Cercle Points afin de vous familiariser avec le prix et les ouvrages en lice ! Sinon, rendez-vous en octobre pour la suite...
Sélection juin 2014 :
- Kind of Blue, de Miles Corwin.
Sélection mai 2014 :
- Étranges rivages, d'Arnaldur Indridason ;
- Niceville, de Carsten Stroud.
Sélection mars 2014 :
- Une belle saloperie, de Robert Littell ;
- Guerre sale, de Dominique Sylvain ;
- Arab Jazz, de Karim Miské.
Sélection janvier 2014 :
- Brunetti et le mauvais augure, de Donna Leon ;
- Le Sang des maudits, de Leighton Gage.
Liens : Fakirs |Cotton Point |Les Lieux infidèles |Au lieu-dit Noir-Étang... |Une Belle saloperie |Guerre sale |Arab jazz |Niceville |Kind of blue |Étranges rivages |Antonin Varenne |Pete Dexter |Tana French |Thomas H. Cook |Arnaldur Indridason |Robert Littell |Dominique Sylvain |Karim Miské |Donna Leon - 27/06 Librairie: La Machine à lire sélectionne des polars de l'été
- 24/05 Édition: Parutions de la semaine - 24 mai
- 08/02 Édition: Parutions de la semaine - 8 février
L'idiotie du réel
L'Islande. Un pays où l'on peut disparaître sans façon au détour d'un torrent, d'un glacier, d'un layon. Fascinante, l'Islande ? À l'évidence. Et sauvage, brutale, effrayante quand on s'est mis en tête de la traverser du sud au nord sous ses ciels d'encre noire. On imagine volontiers des foules entières perdues dans cette obscurité sépulcrale. Fantômes dont nul ne fera jamais le deuil. C'est dans ce genre de terres que le commissaire Erlendur a grandi. Il se rappelle la pluie, le vent, la tourmente, l'épreuve d'une tempête levée brusquement, son petit frère apeuré lâchant la main de son père pour se perdre dans le déluge de feu et de glace. Disparu à tout jamais, englouti. Erlendur n'en peut plus de faire chaque nuit le même cauchemar. Et voici qu'on l'appelle, là précisément où jadis son frère a disparu, pour enquêter sur une autre disparition. Tout devient soudain irréel, emphatique, douloureux dans cette Islande solitaire, fantomatique elle-même avec ses poussées de laves qui soulèvent les jupes de la mer aux échancrures du rivage. Erlendur ne sait pas, ne sait plus. Il cherche, hagard. Qui est-il ? Il se rappelle ces soldats égarés dans les montagnes, cette jeune femme évanouie dans la nature. Des traces, il n'y en a aucune, ou trop. À commencer par les siennes, dans cette maison abandonnée de son enfance. Le ciel est bas. L'horizon, bouché comme il arrive si souvent en Islande. La nature implacable ne cesse d'y abuser de ses droits. Erlendur se rappelle son frère. Mort sans doute. Nous saurons tout de sa disparition. Nous ne saurons rien. Tous les détails du drame, mais rien de son tragique, rien de cette douleur insondable dont il ne se remet pas. Il pense aux siens. Sa fille, son fils, sa femme. Ses collègues. Déjà il n'est plus, dirait-on. Si loin. Tandis que revient, lancinante, cette question : "Qui êtes-vous ?"
Énigmatique reprise anaphorique qui contient toutes les réponses dans cette interrogation que rien ne vient soulager. Une question que le texte ne cesse de proférer, intime, lasse et qui ne semble s'adresser à personne. Pas même à soi. Qui êtes-vous ?... Le saurons-nous jamais ce que nous sommes et ce que les êtres qui nous entourent sont ? Une question posée dans l'intériorité d'une voix qui ne s'adresse à personne, qui ne veut rien résoudre pour laisser en plan toutes les réponses que l'on sait donner à ce genre de devinette. Une question qui ne distingue rien et s'en va s'éprendre de la nuit. Mais une question qui tranche. Erlendur ? Est-ce la fin ? Parole encombrante, prodiguée ici avec une folle intelligence dans la lecture de Jean-Marc Delhausse, qui la pose dans le texte comme un objet incongru presque, dont on ne sait que faire. Un objet qui nous ferait brusquement sortir du récit, comme s'il était soudain quelque chose de réel, et il l'est bel et bien tant Delhausse s'est appliqué à donner à la matière sonore de cette simple question une charge incroyable. C'est le timbre qui l'emporte sur le sens, sa matière qui recouvre la voix. Le monde indéchiffrable, Delhausse nous cognant brutalement à son objet dont nous ne savons rien. Quelle intelligence, à convoquer pareillement la matière sonore du texte dans un récit qui ne cesse de mettre en avant la force ahurissante de la nature islandaise ! Et qui nous plonge dans son obscurité inquiétante.
NdR - 1 CD-MP3, 9 h 50 d'écoute.
Nominations :
Les Étoiles du Parisien / Aujourd'hui en France "Polar" 2013
Citation
J'ai l'intention de passer la nuit avec vous, si ça ne vous dérange pas.