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Sept pépins de grenade
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Simone Arous
Paris : Le Seuil, avril 2013
470 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-02-109269-1
Coll. "Policiers"
La vie, la mort...
Le 16 novembre 1959, Truman Capote découvre dans le New York Times un fait divers qui va secouer l'Amérique. Envoyé sur place pour en rendre compte, il va écrire De sang froid, une semi-fiction fera sensation et donnera lieu par la suite à deux versions cinématographiques. C'est sans aucun doute dans la même démarche que s'inscrit Jane Bradley. Pour elle, l'important n'est pas de monter un suspense factice, de nous faire angoisser avec la disparition d'une jeune femme et le contre la montre qui s'en suit. Ce n'est pas non plus de nous faire partager les pensées d'un fou furieux obsédé par son meurtre parfait de tueur en série en puissance - d'ailleurs s'il est finalement coincé, c'est avant tout parce qu'il est faillible.
Katy, jeune femme de notre temps, prise entre l'homme qu'elle va épouser et qu'elle aime sans doute, son ancien fiancé et un troisième homme pour qui elle ressent des pulsions sexuelles, ne se doute pas que lorsqu'elle s'arrête dans un magasin pour acheter des sous-vêtements, elle vient de signer son arrêt de mort. Mais le roman ne décrit pas cette mort, ni les joies sadiques de ses deux bourreaux. Jane Bradley écrit un roman choral où elle va alterner les derniers instants de Katy, l'angoisse de son futur mari, les inquiétudes de sa mère, les recherches sans beaucoup d'abnégation de la police locale qui croit juste à une fugue. Nous allons également suivre les détails de la vie des deux voyous. Vies très diffférentes car le premier est un jeune paumé qui vit avec une grand-mère rigoriste, alors que le secondl est né une cuillère en argent dans la bouche et compte sur de bons avocats.
La grande force de ce roman c'est le personnage qui l'ouvre et le clôt. Un personnage principal sans l'être. Une jeune femme dont le travail, né d'une expérience personnelle rude, ne consiste pas à retrouver les disparues vivantes et rapidement (si cela arrive, tant mieux) mais surtout à retrouver des éléments tangibles permettant aux familles de faire le deuil. Toute la fin du roman qui est un long travelling sur les lieux du crime et la façon de retrouver le corps, de lui redonner une existence niée par les assassins, est une fin prévisible annoncée dès les premières pages par une phrase - devenue le titre français - et qui fait référence à la mythologie grecque, lorsque Hadès remis ces sept grains de grenade à Perséphone, fille de Déméter, retenue aux Enfers. Or, pour revenir du royaume des morts, il est impératif de ne pas se nourrir en route... Malgré l'absence de scènes trop violentes, malgré la disparition du suspense au profit du quotidien angoissé ou monotone des protagonistes du drame qui se joue sous nos yeux, Sept pépins de grenade est un long récit qui oscille entre poésie simple naturaliste et roman réaliste, qui révèle l'air de rien la noirceur possible, la rédemption éventuelle, les joies simples et les douleurs incommensurables. Somme toute la vie comme elle est.
Citation
Nous désherbons, nous creusons. Nous plantons. Nous arrosons, Nous prions. Et puis nous ne ferons ce que nous ne pouvons faire qu'à la fin. Nous nous lèverons et nous partirons.