Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Montparnasse, novembre 2003
1 DVD VOST-VF Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "DVD collector"
Huis-clos en diligence
Alors que les lignes télégraphiques s'agitent d'un ultime soubresaut pour annoncer que Geronimo est sur le sentier de la guerre, une diligence s'apprête à rejoindre Lordsburg en faisant des haltes à Dry Fork, Apache Wells et Lee's Ferry. À son bord, une femme enceinte qui part retrouver son mari officier de cavalerie, un ivrogne de docteur, un banquier véreux, un placier en whisky peureux, un joueur forcément invétéré (le grand John Carradine) et une femme prostituée ou danseuse rejetée par une ligue de bonnes femmes d'une ligue de vertu. La diligence a pour conducteur Curly, un homme qui boit un peu et parle beaucoup, pour escorte un shérif et pour le premier quart du trajet des militaires. À la sortie de la ville, la diligence récupère un nouveau passager : Ringo parti assouvir sa vengeance à Lordsburg - tuer les trois frères Plummer qui ont assassiné son père et son frère avant de l'envoyer en prison d'où il s'est évadé.
Ringo, c'est John Wayne, le héros de ce western de John Ford dont on peut se demander s'il ne sera pas principale source d'inspiration pour Robert Wise avec son Mademoiselle Fifi tant le trajet en diligence avec à son bord des personnages avec des préjugés et des statuts sociaux différents et opposés est similaire, et surtout propose un étouffant huis-clos (rappelons que les deux films sont, eux, partiellement inspirés de Boule de suif, de Guy de Maupassant). Et c'est tout l'intérêt de ce film de John Ford. Il décortique l'âme, crée des déséquilibres avant de les retourner, truque la donne avec l'arrivée de Ringo, ranchero hors-la-loi au grand cœur, qui se met dès le début du côté de Dallas, femme esseulée et méprisée à qui il ne cesse de redonner prestige et sourire. Dallas, c'est Claire Trevor, l'actrice qui a déjà donné deux fois la réplique à Humphrey Bogart, mais qui n'a pas encore été à Key Largo, et qui entame-là avec John Wayne une relation cinématographique intense puisqu'ils vont tous deux se retrouver à l'écran trois fois en un an ! Chacun des personnages de la diligence va jouer un rôle important dont il est le tenant au cours d'un voyage en trois étapes plus ou moins escamotées par les aléas du trajet.
Le film débute dans l'insouciance vertueuse avant d'imposer une atmosphère étouffante et délétère que l'alcool et le tabac ne peuvent suffire à occulter. La menace apache est omniprésente mais ne poindra le bout de ses flèches qu'aux deux tiers du film lors d'une course poursuite où nombre d'indiens seront victimes des coups de feu tirés adroitement par les passagers de la diligence avant que les munitions ne s'épuisent. Et si la cavalerie arrive toujours à temps, l'intérêt final de ce film magistral repose sur les épaules de John Wayne : assouvira-t-il ou pas sa vengeance ? La maîtrise de John Ford est totale et prend le pas sur certains messages. Elle s'appuie en outre sur des canons du western entre les reliquats de la guerre de Sécession, les embuscades indiennes, les rivalités entre rancheros, l'expulsion des "fiers et glorieux rebuts" de la ville, et offre son lot de rédemption (John Carradine en fera l'objet et les frais). Le tout avec une galerie de personnages tous à la hauteur. Assurément l'un des plus grands westerns de John Ford et de Hollywood.
La Chevauchée fantastique (90 min.) : réalisé par John Ford sur un scénario de Dudley Nichols et Ben Hecht, d'après la nouvelle "Stage to Lordsburg" d'Ernest Haycox. Avec : John Wayne, Claire Trevor, John Carradine, Thomas Mitchell, Donald Meek, Louise Platt, Tim Holt, George Bancroft, Andy Devine, Tom Tyler...
Bonus. Entretien avec John Ford (23 min.). "Je n'ai jamais vu La Chevauchée fantastique", extrait de l'émission Cinéastes de notre temps (5 min.). "Quintessence du western", entretien avec Jean Douchet (17 min.). "Dreaming of Jeannie", analyse de Tag Gallagher (27 min.). Bande-annonce d'époque.
Livret. Biographie et filmographie de John Ford.
Citation
Nous sommes victimes des préjugés. C'est une terrible maladie. Ces vertueuses matrones balayent la ville de ses rebuts. Venez, soyons de fiers et glorieux rebuts.