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Les racines du mal
Après quelques errements pas forcément heureux dans d'autres genres et une poignée de romans bâclés, Maxime Chattam revient à ce qu'il fait de mieux : le thriller horrifique, genre qu'il a contribué à remettre au goût du jour. Et il se base sur une idée séduisante déjà esquissée dans La Théorie Gaïa, celle de ce "virus de la violence" qui ferait ressortir la part reptilienne de l'humanité. En effet, lorsque les forfaits de criminels — un ado poussant des inconnus devant une rame de métro avant de se suicider de la même manière — ou tueurs en série particulièrement abominables sont signés par le même symbole, une étoile suivie d'un "e", la police se perd en conjecture, d'autant que les crimes obéissent à des pulsions meurtrières bien différentes. S'agit-il d'une sorte de confrérie du crime dirigée par un gourou (coucou) au charisme assez fort pour dominer la lie de l'espèce humaine ? Ou est-ce que ces marginaux que sont les tueurs, violeurs et psychopathe, solitaires par définition, ont trouvé moyen de s'unir ? Sans déflorer, il faut reconnaître que ce hou-fait-moi-peur pousse l'idée jusque dans ses derniers retranchements avec une certaine logique de la folie glaçante : cette théorie de la "conjuration primitive" est douloureusement crédible, surtout dans le contexte actuel. Maxime Chattam a dû se rendre compte que la concurrence guettait, Franck Thilliez en tête, car si le style est sans envolées littéraires (que d'ailleurs on ne lui demande pas), il n'a pas ce relâchement qui gâchaient certains de ses romans précédents, et s'avère très efficace. Bien sûr, il ne faut pas chercher une originalité fondamentale dans tout ça : un profiler-en-retraite-qui-en-sort-pour-une-dernière-affaire, un duo de flics jeunes et cools sortis d'un feuilleton de l'été de TF1... Les personnages restent schématiques au possible. Tout au plus nous ménage-t-on une surprise en cours de route qui, toujours sans déflorer, justifie le découpage en deux parties. Mais on ne demande pas à un thriller industriel de donner dans la grande littérature ou de révolutionner le genre, juste de distraire. Et là, malgré une fin tonitruante mais peut-être un poil expéditive, le contrat est rempli.
Nominations :
Les Étoiles du Parisien / Aujourd'hui en France "Polar" 2013
Citation
Alexis l'avait découvert avec un peu d'expérience : les fantômes existent. Ils se nichent dans l'interstice entre veille et sommeil. Cet entre-deux-mondes où le conscient bascule vers l'inconscient, cette fine lisière sans contrôle où l'homme peut encore entrapercevoir des choses quand il ne maîtrise plus sa pensée. Et les fantômes se nourrissent de la solitude des vivants, elle leur rappelle leur propre condition.