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L'Or de Quipapá
Grand format
Inédit
Tout public
300 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-36476-026-4
Coll. "Noir & polar"
Actualités
- 22/06 Prix littéraire: Prix "Saint-Maur en poche" 2015
- 06/03 Édition: Parutions de la semaine - 6 mars
- 23/06 Musique: Hubert Tézenas et Lenine
Hubert Tézenas, traducteur de son état, vient de sortir chez L'Écailler, un premier roman noir, L'Or de Quipapá, qui dresse un état des lieux affligeant de la corruption au Brésil dans les années 1980, et de la violence urbaine et policière. L'association Fondu au noir, quant à elle, a fait passer l'auteur par tous ses canaux. En garde à vue dans son numéro 15 de L'Indic, invité de l'émission "Fais pas ta rosière" du lundi 3 juin, l'homme se souvient aujourd'hui de cet air (c'est la coutume) sur le blog de Dj Duclock, alias Émeric Cloche, que nous connaissons doublement bien sur k-libre puisque depuis plus de deux ans, il nous offre des petits polars musicaux, et qu'il est l'une des parties bicéphales de l'association Fondu au noir, l'autre étant Caroline de Benedetti. Pour l'heure, Hubert Tézenas se souvient de cet air, et cet air est "Candeeiro encantado", de Lenine. Tout cela est à découvrir sur le blog précité, le romancier évoque son année 1997 entre Recife et Olinda sous la chaleur qui n'est pas s'en rappeler, évidemment, celle de son roman.
Fais pas ta rosière, avec Hubert Tézenas
Hubert Tézenas se souvient de cet air
Liens : Hubert Tézenas |Émeric Cloche |Fondu au noir |L'Indic - 02/06 Librairie: Récife noir pour Hubert Tézenas
Coruption distillée
Les lecteurs avertis de romans noirs et policiers connaissaient Hubert Téenas pour ses traductions. L'homme se lance dans une toute nouvelle aventure avec l'écriture d'un premier écrit noir avec une veine romanesque prononcée qui nous emmène au Brésil en 1987 où un homme se retrouve accusé du crime d'un autre homme. De l'ordinaire somme toute sauf que l'homme assassiné est un syndicaliste d'une distillerie de Quipapá.
Reprenons le fil du récit. Alberico Cruz travaille dans une agence de location d'appartements. Alors qu'il fait visiter un deux-pièces à un homme sans papiers qui tente de le soudoyer, deux énergumènes entrent et l'abattent (avec en prime un égorgement). Alberico s'enfuit, et en état de choc croise des policiers qui, repérant qu'il est tâché de sang et tient des propos incohérents, remontent jusqu'à l'appartement, observe la scène de crime, puis l'arrêtent. C'est le début de ce que l'on peut appeler une rapide descente aux enfers. Emprisonné dans une cellule où les hommes sont en surnombre, il est considéré comme un moins que rien par le caïd de la geôle, et ne tarde pas à être violé chaque nuit jusqu'à ce que de la chair fraiche débarque à nouveau. Hubert Tézenas décrit alors un univers carcéral brésilien somme toute universel mais où les caïds préfèrent la prison à l'extérieur, où ils règnent en maître aussi bien à l'intérieur de la prison que dehors avec les mêmes avantages, voire plus, où la vit ne tient qu'à un fil, et où celle du directeur de prison ne tient qu'aux desiderata de sicaires enrôlés par les pontes de la pègre. Alberico Cruz va vivre deux-trois derniers jours effroyables en prison après avoir avoué sous la torture un crime qu'il n'a pas commis, et avoir participé à un étrange jeu dont les perdants perdent la vie. Une mutinerie lui permettra de retrouver l'air libre et de s'enfoncer dans le Quipapá à la recherche d'une vérité, épaulé par un journaliste en quête de vérité.
Ces derniers mots reflètent bien plus l'intrigue officielle, parce que l'officieuse est tout autre. Le roman traite alors des grands familles qui ont fait fortune avec les distilleries et les champs de canne à sucre et, comme dans tout bon roman noir, il est question de la folie démesurée dans les hautes sphères du pouvoir et de folie tout court dans les gènes d'un rejeton du patriarche. Hubert Tézenas pose le regard sur des petites gens que l'on n'observe pas au quotidien, parle de disparitions habituelles, offre le portrait de quelques personnages hauts en couleur, dresse un constat politico-financier affligeant, et surtout montre le père d'une famille qui n'hésite pas à sacrifier ses ouailles pour le bien de son empire qui croule sous les dettes. Pour un premier roman, le résultat est bien plus qu'honnête, le dépaysement est total - ceux qui ont un jour senti l'odeur terrible de la bagasse comprendront ce que je veux dire -, l'intrigue classique est bien ficelée, le final est tordu à souhaits, la toute fin laisse à penser qu'il n'y a aucune place pour l'intégrité en ce bas-monde, mais à vrai dire, qui en doutait ? En tout cas, voilà une lecture fort plaisante.
On en parle : 813 n°117
Récompenses :
Prix littéraire du Goéland masqué 2014
Citation
Kelbian Carvalho a procédé à une vague honteuse de licenciements sommaires pour réaliser des économies sur le dos de ses employés. Cette décision menace de provoquer une grave disette pendant l'hiver. Policarpo a tenté de s'y opposer en tant que président de la branche locale du Syndicat des travailleurs ruraux. On connait la suite.