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Inédit
Tout public
James Bond ordinaire
Pierre Boussel nous propose une idée intéressante et intelligente, et surtout qui tient la route du début à la fin : comment nous présenter les services secrets et leurs actions dans un cadre réaliste, sans forcer ni sur le sang, ni sur le sexe, ni sur les gadgets et autres joyeusetés qui font le plaisir des cinéastes ? Son personnage de Bastien Hernandez, honnête économiste, chargé de missions pour une entreprise, est confronté aux Assedic, aux plans sociaux, aux surveillances par les agents du fisc. Tombé amoureux d'une femme sans histoire, croisée dans le train avec sa fille, alors qu'il allait rendre visite à sa vieille mère, il entretient avec elle une correspondance par Internet depuis le Maroc, pays où son chef l'a envoyé pour prépare des dossiers sur des possibilités de marchés à conquérir. Ironie de l'histoire, il va croiser un diplomate qui laisse planer le doute sur ses activités et que tous surnomment J-B 007, ce qui ne manquera pas de le faire sourire car sur le terrain, l'agent secret, c'est lui, Bastien Hernandez...
Par d'habiles flashbacks, par la description fine et amusée - et qui montre en même temps tous les enjeux dramatiques qu'elle recèle -, le roman de Pierre Boussel se concentre sur le quotidien d'un espion avec les paperasses de l'administration française, le fait de monter une couverture crédible mais si crédible que les autres administrations vous surveillent, les virées au restaurant entre amis, les réflexions perpétuelles pour ne pas détruire sa couverture, la relation amicale avec une jeune femme locale... Peu de grandiose dans les actions que Bastien Hernandez mène (pourtant essentielles puisqu'il lutte contre une bande d'islamistes, entre amateurisme branquignol et réelles capacités de nuisance) et qui sont parfois très légères et drôles. Lorsqu'il doit empêcher que nos "alliés" américains s'implantent trop facilement en créant une base au Maroc, on le retrouve cherchant des ouvriers de mauvaise qualité pour ruiner les chantiers qu'il mène ou allant leur donner des médicaments avariés pour que la population ne les soutienne pas.
Baigné par le soleil marocain, à mi-chemin entre les flamboyances des films du genre ou de la grisaille rude des chausse-trappes de John Le Carré ou d'Eric Ambler, Les Confessions de l'ombre est une description réaliste de l'espionnage moderne et, grâce au style léger de Pierre Boussel, discrètement ironique.
Citation
La France avait besoin d'une vraie fausse société qui produise de la paperasse pour sécuriser nos personnels travaillant à l'étranger sous des pseudonymes.