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Tout public
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Morgane Le Roy
Paris : Asphalte, juin 2013
276 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-35-0
Coll. "Fictions"
Actualités
- 03/07 Édition: Parutions de la semaine - 3 juillet
- 28/05 Prix littéraire: Sélection du Prix Violeta Negra 2014
"Le jury est, cette année, présidé par Magyd Cherfi, auteur, musicien et chanteur du groupe Zebda, figure emblématique de Toulouse et de la scène culturelle française.
Les mots, Magyd Cherfi joue avec, aussi bien dans l'écriture des textes de Zebda, que dans c elle de chroniques pour la presse. Il est également l'auteur de deux recueils de nouvelles publiés chez Actes Sud Livret de famille et La Trempe.
Ce prix a pour vocation de mettre en lumière un roman noir ou policier traduit d'une langue du Sud. La sélection 2014 nous emmène à la découverte du très grand Sud de l'Amérique Centrale et du Sud à l'Afrique en passant par l'Europe : Argentine, Égypte, Italie, Espagne, Portugal, Cuba."
Voici quelques lignes retranscrites du communiqué de presse tel qu'il nous est arrivé. Six ouvrages sont en lice, et si l'Europe est bien représentée, et que Ombres Noires et Métailié ont chacun deux ouvrages qui concourent, nous noterons la grande qualité d'une sélection dont les critères sont vraiment intéressants - dignement hérités quoique améliorés puisque élargis géographiquement du salon de Gijón en Espagne. Le résultat tombera pendant la sixième édition de festival des littératures policières de Toulouse, Polars du Sud, qui se déroule du 10 au 12 octobre 2014...
Sélection du Prix Violeta Negra 2014 :
- Monstres à l'état pur, de Miguel Angle Molfino (Ombres noires) ;
- Utopia, de Ahmed Khaled Towfik (Ombres noires) ;
- Le Matériel du tueur, de Gianni Biondillo (Métailié) ;
- Deux petites filles, de Cristina Fallaras (Métailié) ;
- Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, de Miguel Miranda (L'Aube) ;
- La Vie est un tango, de Lorenzo Lunar (Asphalte).
Liens : Lorenzo Lunar
Danse du sexe
"Yusimí, à treize ans, était une bombe, et elle était fascinée par deux choses : la ville et le sexe." Dans le roman de Lorenzo Lunar, Yusimí n'aura pas beaucoup à chercher pour trouver l'un et l'autre tant la première héberge le second. Entre une coupure habituelle et une autre plus intempestive de courant électrique, entre deux trains - un qui peine à arriver très en retard, l'autre pas encore parti déjà bien trop en retard -, le sexe n'a aucun problème à frayer son chemin sous la chaleur cubaine sujette à tous les excès et à toutes les exacerbations. Les hommes ont la fâcheuse tendance à penser avec leurs couilles pleines, ce qui amène pour le meilleur des cas un spleen qui n'échappera pas à Léo Martin, chef d'un commissariat de quartier de Santa Clara, ville natale du romancier, à plusieurs reprises, lui qui vit chez sa maman et couche à droite et à gauche dans beaucoup de positions. Mais à y regarder de plus près, les portraits féminins dressés n'ont que très peu à envier à leurs alter ego masculins. Là aussi, la chaleur étouffante et l'alcool doivent les désinhiber au point de ne pas craindre l'ire de leurs petits amis ou maris officiels.
Alors, cocu et revanchard Tanganica ? "Oui, il est sorti de prison il y a quelques jours. C'est un des hommes de main de Chago le Bœuf et, pendant qu'il croupissait en cellule, Pechoemulo se tapait sa femme." N'allez pas croire cependant que les Cubaines et les Cubains sont des obsédés du sexe, ils nourrissent ainsi leur bestialité généreuse. Mais tandis que certains savent la dompter, d'autre, ne maîtrisant pas leur force et leurs mauvais instincts, battent leur amie d'une vie ou d'une nuit. C'est donc dans cet univers que baigne Léo Martin, véritable flic de proximité, qui connait tout le monde, sait qui couche avec qui (si, si, c'est encore possible !), qui fait commerce illégal de quoi, et qui arnaque qui. Un incident va pourtant venir perturber son quotidien auquel il est attaché. Un trafic de lunettes de soleil qui va jusqu'à interpeler ses supérieurs sans pour autant mobiliser l'attention malgré un meurtre.
Alors, pendant presque deux tiers du roman, le commissaire délaisse son enquête pour nous inviter à une visite touristique de son quartier. Il nous ouvre toutes les portes et nous écarte toutes les jambes. Il nous permet d'apprécier ce quartier de Santa Clara de tous nos pores en mettant tous nos sens en éveil. On en arrive à être un habitué de toujours de ces maisons ouvertes et de ces ruelles ensoleillées et pourtant sombre. Et puis tous s'accélère orchestré par Léo Martin, seul contre tous, qui a bien entendu compris que derrière ce ridicule trafic de lunettes se cache un trafic de drogue bien plus inquiétant même si officiellement à Cuba il n'y a pas de drogue.
Lorenzo Lunar accouche ainsi d'un très joli roman noir social cubain dans la lignée évidente de ceux de Leonardo Padura, avec un personnage de flic à la limite de l'abandon. La Vie est un tango est de ces romans dont la musique accompagne les dernières pages lues, et le roman refermé. Que l'on aime le tango ou pas !
Citation
Une phrase courte. Les oraisons funèbres ont été inventées pour dire du bien du mort, mais, à vrai dire, concernant Pedro Pechoemulo, on a vite fait le tour.