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Histoire du spiritisme
Grand format
Réédition
Tout public
Traduit du français par Claude Gilbert
Paris : Dunod, avril 2013
516 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-10-059224-1
Coll. "Idem"
Doyle, prophète de la Nouvelle Révélation...
Ouvrage surprenant du père de la raison policière... Écrit dans une forme hésitant entre le récit d'imagination et le récit d'historien, Conan Doyle tente – et c'est l'un des deux mérites de l'ouvrage - de restituer ce que fut le "mouvement spiritualiste", des origines à ses jours. Mais comme il ne le peut pas, faute d'une approche réellement historienne, il s'en arrange en le recomposant autour des figures tutélaires qui en manifestèrent l'évidence, à commencer par la première d'entre elles, Swedenborg, dont la biographie tient au fond de l'hagiographie. Histoire partielle, et partiale, les partis pris de Conan Doyle ne souffrant aucune contradiction. Curieux essai donc, qui tente de réunifier les mouvements spiritualistes sans y parvenir – et c'est son second mérite : il nous offre au passage une vision des débats qui traversaient alors le spiritisme.
De la façon la plus curieuse même, Doyle, farouche défenseur du spiritisme, ne cessant d'accorder du crédit aux partisans d'un spiritisme axé sur les pouvoirs occultes des hommes, plutôt que sur ces esprits vagabonds du spiritisme traditionnel, ouvrant en grand les vannes de la victoire de l'occulte sur le spiritisme... Curieux essai qui se veut scientifique mais qui n'est que scientiste, usant jusqu'à la corde le vocabulaire du discours scientifique contemporain, pour l'assujettir à un ramassis d'opinions que l'auteur parcourt à la hâte, ou de témoignages qui ne démontrent rien.
À l'arrivée, on a un livre de rubriques disparates, jalonnant la constellation spirite, de la nature de l'ectoplasme à la photographique psychique... Et le tout rédigé d'une plume boursouflée au possible, qu'on juge du peu : "quand les premiers rayons du soleil levant du savoir spiritualiste tombèrent sur la terre...", le reste est du même tonneau, assurément du mauvais Conan Doyle, lourd, indigeste à souhait.
Quant à l'éblouissement de la raison raisonneuse, on repassera là encore : Conan Doyle pose par exemple la clairvoyance comme établie parce que "confirmée par d'innombrables observateurs psychiques"... Ou bien alors il use d'une argumentation circulaire : pour comprendre le spiritisme, il faut l'être... Les images ectoplasmiques sont dans la foulée "indéniables", et Conan Doyle finit même par parler du spiritisme comme d'une religion à laquelle il faut tout simplement adhérer pour la concevoir, un peu sur le mode du christianisme primitif (là, il se trompe éhontément).
Non, décidément, le seul intérêt du livre concerne les éléments d'histoire qui percent à son insu et ce débat au sein de sociétés ténébreuses qui ont tenté à un moment de notre histoire de se rassembler sous ce vocable de spiritisme.
Citation
Un esprit dans un corps possède, on peut le présumer, des pouvoirs analogues à un esprit hors d'un corps.