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W3, le sourire des pendus
Grand format
Inédit
Tout public
750 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7533-0183-2
Coll. "Thriller"
Saga sexualis
Il est amusant de voir comment cet auteur bicéphale fait aussi figure de Janus chez ses deux éditeurs. À Télémaque, des thrillers pur et durs d'une efficacité redoutable (sauf peut-être le quatrième de la tétralogie des "Voies de l'ombre", pas vraiment indispensable), pour Calmann-Lévy des romans ambitieux à l'écriture travaillée qui brouillent une fois de plus les frontières entre littérature de genre et littérature tout court. Avec "W3", cette nouvelle série, une influence supplémentaire se fait jour chez le duo : la série télévisée. Après la trilogie malheureusement inachevée de Catherine Fradier (Cristal défense et La Face cachée des miroirs), cette influence se fait à nouveau jour dans cette saga où l'itinéraire des nombreux personnages compte autant qu'une intrigue assez simple au final, même si elle suggère que tout n'est pas dit. Quel rapport entre Lara Mendès, une reporter menant une enquête sur le marché du sexe, et Sookie Castel, une policière, fille d'un agitateur spécialisé dans la défense des victimes ? Lara se fait enlever et se retrouve détenue par une brute… qui disparaît un beau jour. Comment pourra-t-elle survivre, enfermée dans un blockhaus où manifestement, elle n'est pas la première captive ? Et si l'affaire avait un rapport avec un triple meurtre non résolu ou toute une famille fut retrouvée pendue ? Plusieurs personnages s'agitent autour de l'affaire — un producteur, une arriviste, un acteur vieillissant... — dans un récit qui, malgré le nombre de personnages, s'avère assez clair (on s'étonne du parti-pris de mettre en gras le nom du personnage central en tête de chapitre, comme dans un scénario) car tous sont nettement différenciés. Même les séquences de claustration rappelant Prédation, généralement d'un ennui mortel dans le thriller industriel de base, réussissent à être prenantes grâce au travail sur les personnages, ou plutôt le personnage. Et on vous laissée découvrir ce qu'est le "W3" du titre ! S'il n'y a pas dans ce pavé de sept cents pages, parfois très crues, la moelle sociale et presque philosophique des romans voués au monstrueux Kurtz, pas de doutes, le tout se dévore en un temps record et, si la conclusion est satisfaisante, on se surprend à attendre la suite avec impatience !
Citation
Très raffiné dans ses attitudes et ses excentricités vestimentaires, Arnault de Battz incarnait le dandy sexagénaire, producteur estimé, homosexuel accompli, qui ne quittait jamais ses lunettes de soleil, même en régie.