Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Dominique Defert, Carole Delporte
Paris : Jean-Claude Lattès, mai 2013
566 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7096-4374-0
Actualités
- 26/06 Édition: Descente aux Enfers pour traducteurs
Du 15 février au 5 avril dernier, de 9 heures à 19 heures, Dominique Defert et Carole Delporte, traducteurs de l'anglais de leur état, ont vécu dans un bunker italien en compagnie d'homologues allemands, italiens et espagnol avec une seule idée en tête : partir le plus vite possible non sans avoir terminé le travail qu'ils avaient à accomplir, à savoir traduire le dernier roman de Dan Brown. Pourquoi autant de précautions pour un tel livre ? L'on peut penser qu'il s'agit bien plus de marketing que d'autres choses. Certains, et nous les premiers, diront que c'est se donner bien du mal pour protéger un contenu basique de littérature industrielle. Mais bon... Cette expérience amusante vue de l'extérieur, Dominique Defert l'a narrée pour Bibliobs. À sa lecture, on hésite quant aux adjectifs à utiliser. Ils vont de "affligeant" à "amusant" même si l'on se doute que pour les traducteurs incriminés, l'expérience n'a pas été une sinécure. Toujours est-il que c'est un article à découvrir, mais qui ne répond pas à la question essentielle : où va le monde littéraire ? On espère cela dit que les traducteurs ont été dûment rémunérés...
J'ai traduit Dan Brown dans un bunker, il y avait deux gardes armés
Liens : Dan Brown
Fuite en avant
Dans l'histoire de la littérature populaire, il est toujours des auteurs de x-ième rang qui, hasard, chance ou air du temps, se voient propulsés sur le devant de la rampe. Qui, à part quelques passionnés chercheurs-de-poils-sur-œuf, se souvient de John Carrol Daly (qui ?), auteur préféré des lecteurs du légendaire "Black Mask" largement devant Dashiell Hammett ou Raymond Chandler ? Ou qu'un certain Seabury Quinn (qui ?) était le ténor du non moins légendaire "Weird Tales" devant Robert Howard ou Howard Phillips Lovecraft ? Plus près de nous, il ne faut pas être un poussin de l'année pour se souvenir de Peter Cheyney ou Carter Brown... Peut-être que les James Patterson ou Dan Brown d'aujourd'hui connaîtront le même destin, et peut-être que, dans vingt ou trente ans, on se demandera comment ils ont pu truster les listes des meilleures ventes au lieu d'écrivains autrement plus doués. D'où ce nouveau roman de l'auteur du fameux Da Vinci Code, copié, parodié et recyclé à l'envi, reprenant son personnage de Robert Langdon, le savanturier capable de déjouer en un clin d'œil des énigmes immémoriales qui ont engendré maints grattages de crâne au fil des âges sans que nul ne puisse les résoudre (mais c'était des ÉTRANGERS).
Le point de départ voit notre protagoniste en mauvaise passe : il se retrouve hospitalisé à Florence, ayant perdu tout souvenir des jours précédents. Or si l'amnésique adoucit les mœurs (pardon...), sa condition est dûe à une blessure par balle : comme il ne tardera pas à le constater, quelqu'un veut sa peau. Et, bien sûr, il trouve illico une jeune femme capable de braver les pires dangers pour ses beaux yeux, il est suivi par le tueur (ici une tueuse) impitoyable de service, et remontera une intrigue façon Marabout d'ficelle dont les indices sont contenus dans des représentations de maîtres italiens et surtout la Divine Comédie de Dante, tel un Umberto Eco pour noces et banquets… Et, bien sûr, s'y mêle une Mystérieuse Organisation™ débouchant sur un Complot Diabolique™ de type "Oh, flûte, va encore falloir sauver le monde". Quelques rebondissements étirant la crédibilité plus tard, on en arrive à la révélation finale qui, il faut le reconnaître, est à la fois logique et inattendue (enfin... Sauf pour qui a lu quelques kritiks syndiqués qui ne se sont pas gênés pour vendre la mèche. On admirera l'élégance du procédé...). Le tout à un rythme soutenu, même si la structure en travelogue implique de nombreuses redondances (je n'ai pas compté combien de fois on répète les mêmes citations de Dante, mais on avait compris...) avec une écriture correcte qui évite l'arrogance cynique du mal écrit, mais s'essouffle bien avant le second tiers. Comme classique "roman d'aéroport", qu'on laisse dans le soufflet une fois le voyage terminé, il y a pire, mais on ne voit pas d'autres raisons de se lancer dans ce roman alors qu'il existe tellement mieux dans le genre (toujours faut-il prospecter un brin...). Ce n'est même pas mauvais, juste profondément médiocre. D'où la question initiale : qu'en restera-t-il dans vingt ans ? Drôle d'époque...
Citation
On disait de lui bien des choses – un mercenaire sans âme, un orfèvre du péché, le bras droit du mal – mais il n'était rien de tout ça. Le Président offrait simplement à ses clients l'occasion de réaliser leurs souhaits, sans risques ni conséquences fâcheuses ; si l'humanité avait par nature une inclinaison au péché, il n'y était pour rien.