Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Élie Robert-Nicoud
Paris : Rivages, mai 2013
332 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2539-9
Coll. "Noir", 917
Snif movie
Elmore Leonard est un romancier qui a de l'expérience, et qui aime embarquer ses lecteurs sur de fausses pistes. Il ne se gêne pas dans ce roman pour multiplier les effets stylistiques, développer des sous-intrigues foutraques qui viennent de plein fouet s'encastrer dans une intrigue noire, bien plus noire qu'il y parait au premier abord. Le tout avec cette insouciance qui fait que longtemps l'on se demande si le talent ne suffit pas à écrire un bon roman. Tout débute dans une salle d'audience d'un tribunal chargé de juger si Walter Kouza, un policier, a outrepassé ses droits. Quand Bryan, flic de Detroit, vient à la barre, la journaliste Angela Nolan n'a d'yeux que pour lui. Le ton badin est lancé, s'ensuit une cour effrénée qui accouchera d'une jolie histoire d'amour, mais Permis de chasse n'est pas un "romantic suspense" alors laissons nos tourtereaux pour nous focaliser sur la rencontre entre Walter Kouza et Robbie Daniels, un milliardaire désœuvré de Palm Beach, grand amateur et collectionneur d'armes à feu qui rêve d'abattre un homme en toute impunité. Engagé comme garde du corps, Kouza va dans les faits surveiller un homme, gigolo et dealer, que Daniels considère comme la lie de la société, un homme qu'il peut donc - voire qu'il doit - éliminer pour le bien de la société. Après avoir fait ses gammes sur un voiturier, il ourdit son plan. Et son plan nécessite que Kouza en plus d'une filature qui le désole et lui donne la trique (le gigolo a une jolie amie qui aime bien se balader nue entre la piscine et la chaise longue) filme le meurtre planifié idéalement. Dans le même temps, le rapprochement entre Daniels et Kouza ne manque pas d'inquiéter Bryan et Angela. Le premier a son instinct de flic pour l'alarmer, quant à la seconde, elle a longuement interviewé le milliardaire pour comprendre qu'il est fou. Elmore Leonard multiplie les chapitres et alterne les récits. Il fait évoluer ses personnages dans une Amérique dorée et poisseuse, qui se cache derrière les vieilles Cadillac rutilantes une arme au poing (l'on s'étonne après ça que l'Amérique s'auto-mutile de l'intérieur avec des fous armés). Le ton est léger, la mort qu'une image, et puis Daniels se met en branle et son plan sans accroc se révèle en avoir un de taille en la personne d'Angela. C'est le moment choisi par l'auteur pour nous plonger dans une autre dimension, noire et destructrice. Mais ça, on pouvait s'en douter au vu de l'œuvre du grand romancier.
Citation
Il rationalise. Mais quand on démarre sur de la merde, on arrive à de la merde.