Dernières nouvelles du Milieu

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Essai - Policier

Dernières nouvelles du Milieu

Social - Gang - Trafic MAJ vendredi 28 juin 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,9 €

Michel Ardouin
Paris : La Manufacture de livres, avril 2013
198 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-036-8

Gros calibre

La Manufacture des Livres s'est fait une spécialité des mémoires de truands. Et celles-ci, sans doute en raison de l'époque concernée, ont forcément un parfum d'Audiard. Dans les dialogues, on croit entendre Gabin, Ventura, Michel Constantin, Robert Dalban, Blier et tous les autres. Mais ce folklore ne doit pas faire oublier que nos truands étaient proxénètes, voleurs, menteurs et souvent assassins. Michel Ardouin (né en 1943) incarne un beau profil-type avec ses années de prison, ses casses, son association avec Mesrine, ses petites femmes mises au tapin, ses brasseries et son sobriquet de "Porte-Avions" donné en raison de sa taille et de l'arsenal qu'il trimballait sur lui. Jérôme Pierrat l'a aidé à accoucher de ses deux premiers livres Porte-Avions, une vie de voyou (Fayard/2005) et Mesrine, mon associé (La Manufacture des Livres/2008). On ne sait pas s'il a fait de même pour celui-ci.
Dernières nouvelles du Milieu est un titre trompeur et intelligent. Ici les nouvelles ne sont pas celles des journaux mais la forme littéraire du récit court. En même temps, on peut interpréter ces nouvelles comme autant de portraits d'une époque défunte. Ce sont donc bien les dernières et, par là même l'ultime livraison d'un vieux truand.
Si la pétulance du style dénonce l'aide d'un pro, par la voix d'Ardouin, défile une galerie de personnages hauts en couleur qui ne peuvent qu'apporter l'adhésion du lecteur se retrouvant là dans un univers proche de la fiction. Pourtant ce folklore est réel puisque basé sur des souvenirs personnels. D'où, diront certains (comme les flics écrivant leurs mémoires), danger de sacralisation ou de banalisation de vulgaires criminels.
Bien sûr, chez Ardouin, toutes les femmes sont des putes gentilles, et les hommes des truands plein d'honneur. Voici un condamné à mort gracié de justesse, un restaurateur chic accueillant en même temps le président et des malfrats venus échanger drogue et argent au nez et à la barbe du service de sécurité, l'horrible juge Mme H. qui s'acharne sur un pauvre truand, Gina la Dingue, Fernand la Lope qui obtient le respect parce qu'il reste bouche cousue sous les coups des cognes alors qu'il est homo (sidérante révélation pour les truands), Rita la Russe qui court le micheton, et l'autre qui balance son réseau aux Ricains, Jimmy Mignon qui sait se taire aussi quand le narrateur "fume" un mec dans son établissement, sans oublier le travelo qui fait du trafic d'héroïne au Bois. On retiendra Le Roquemoute et sa famille de gitans dominée par la mère, dite "la daronne" qui se balade toujours avec un fusil dans sa bagnole.
Si notre auteur reste en arrière dans l'action pour privilégier le portrait typique, il se met en scène dans ses émois sexuels avec une mineure (il croyait qu'elle était plus vieille) qui est, en plus, perverse (mais ça il l'a vite su) et qui parvient à débaucher la femme de ménage pour de torrides séances à trois. À ce propos, voici un bon conseil : "Il faut faire très gaffe, quand tu manages deux femmes. Toujours être le maître de cérémonie, toujours donner les rôles, et toujours une dominatrice et une dominée. Si, par manque de vigilance, tu n'es plus le décideur du rapport de force, tu vas voir les deux gonzesses te repousser du pied pour garder le lit pour elles, tu vas te sentir un intrus, et tu n'auras plus qu'à aller boire un coup en attendant qu'elles aient fini leurs étreintes." Merci Porte-Avions !

Citation

Les gitans ont le droit de voler, de chiner, de dire la bonne aventure, de tuer, de mentir, tout ça devant Dieu, mais julot, ça c'est infamant.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 26 juin 2013
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