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Inédit
Tout public
Traduit du danois par Frédéric Fourreau
Paris : Jean-Claude Lattès, avril 2013
546 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-4281-1
Sopor Æternus
Il ne faut jamais sous-estimer la force de la doxa, génératrice d'éphémères de modes, en cette ère de conformisme à tout crin. La doxa, grande collaboratrice du glosateur paresseux, comme celle qui veut que tout film espagnol soit génial par décret ministériel avant même sa sortie, tout musicien new-yorkais un surdoué devant lequel il convient de s'extasier pavlovesquement, et tout polar nordique un chef d'œuvre. C'est sans doute cette dernière qui a fait le succès du Dernier homme bon, précédent effort des deux auteurs, surfant sur la vague apocalyptique en présentant une bonne idée de base diluée dans d'interminables parlotes jusqu'à une conclusion acadabrantesque et qui plus est malhonnête. Dans ce nouveau pavé, on retrouve le policier et négociateur-vedette (en existe-t-il d'autres ?) Niels Bentzon, qui échoue à sauver une jeune femme qui finit par sauter d'un pont. Or tout démontre qu'elle avait précédemment été noyée et ressuscitée ! À partir de là, comme la victime était ballerine, on a droit à d'interminables discours sur le métier de danseuse, ses collègues et l'intrigue du ballet Phédon (retenez bien ce détail, car il n'aura aucune incidence sur la suite). Quand à Hannah, compagne du policier, elle se retrouve enceinte, ce qui donne lieu à des pages et des pages sur les affres de la femme enceinte... S'y mêle une semi-secte censée préparer à l'au-delà et beaucoup de considérations sur la vie, la mort, etc., où le moindre rebondissement (ou son absence) se doit d'être étiré à l'infini. Et lorsque arrive le mobile du méchant, pas plus bête qu'un autre (et si vous avez parié que, par un heureux hasard prévisible, il enlèvera précisément Hannah, vous avez gagné), on soupire en voyant qu'il va ENCORE se fader cent pages d'une course poursuite à l'issue prévisible... jusqu'à un retournement final cruel et bien senti, quoique prévisible pour le lecteur attentif. Vu la minceur de l'intrigue et l'absence de tout suspense, l'ensemble aurait facilement tenu sur deux cent cinquante pages tendues au cordeau. Là, sur cinq cents et quelques pages, l'ensemble peut avantageusement remplacer un Valium…
Citation
Niels avait vu la terreur dans ses yeux. Ce n'était pas de l'angoisse. L'angoisse est abstraite. La peur, en revanche, est réelle. Palpable.