Contenu
L'Empreinte des morts
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aline Weill
Paris : Points, juin 2013
408 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-3471-8
Coll. "Policier"
Écologie mafieuse
Le roman de C. J. Box met en scène les différentes façons de conjuguer l'empreinte, ce mot qui est à la base de toute enquête policière pour un travail de recherche concernant les traces laissées par un assassin ou un témoin. Mais ce dernier est aussi une donnée proche de la hantise : fantômes de nos actes passés qui nous laissent des gouts amers, souvenirs de nos proches qui nous empêchent d'avancer. S'y rajoute depuis quelques années l'aspect écologique, l'empreinte est alors celle que l'on laisse selon sa façon de consommer. Ainsi, lorsqu'un tueur de la mafia sur le point de mourir veut renouer avec son fils, il accepte de l'aider dans sa dernière mission, à savoir rembourser son empreinte écologique en tuant des gens qui consomment trop comme ce couple d'Américains qui traversent les États-Unis dans des véhicules polluants, ou des futurs mariés qui vont user beaucoup d'énergie pour faire une noce branchée. Le garde-chasse Joe Pickett, lui, est un homme hanté par la disparition d'April, sa fille adoptive, des années plus tôt lors d'une fusillade entre autorités fédérales et survivalistes. Seulement voilà : des SMS reçus par sa grande fille, Sheridan, laissent entendre qu'elle est encore en vie et, peut-être pire que tout, qu'elle est engagée dans la quête destructrice et écologique du mafieux. Se pose alors une question essentielle : comment la retrouver sans mettre en branle tout le système policier qui pourrait la broyer en s'occupant du tueur ? Autrement dit : comment lire les traces qu'elle laisse ?
C. J. Box s'inscrit dans la grande tradition du roman américain avec un récit servi par des décors de nature gigantesque (ce n'est sans doute pas un hasard si le meilleur ami de Joe Pickett est une sorte d'ermite qui s'occupe de soigner les rapaces au fond d'une grotte des Rocheuses). De facture stylistique éminemment classique, il joue sur les envolées lyriques et le retour aux sentiments des hommes qui essaient simplement et justement de rester humains. Roman du deuil à faire, des fantômes du passé qui reviennent nous hanter, des choses que nous avons mal faites et qu'il faut expier, L'Empreinte des morts joue la partition sur un air humaniste (la fidélité, l'amour du travail bien fait, l'amitié, le respect de la nature de manière sensée) et présente, à travers le portrait en creux du fils du mafieux, un psychopathe dont la folie peut dévaster les villes mais qui ne peut que se dissoudre lentement dans les grands espaces, comme cet hymne perpétuel à la nature que le roman américain développe inlassablement depuis ses origines.
NdR - L'ouvrage est paru en 2012 chez Calmann-Lévy sous le titre original de Below zero.
Citation
- Depuis quand un garde-chasse a-t-il le droit de blesser quelqu'un et de lui détruire son pick-up ? [...]
- Depuis que vous avez tiré sur un chien à coups de flèches.