Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Julien Guérif
Paris : Rivages, mai 2013
332 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2535-1
Coll. "Thriller"
Une p'tite bouffée ?
Parmi les mythes éternels de l'Humanité, il y a la recherche du Graal, et Défoncé, malgré son titre, raconte l'histoire de cette quête à travers les péripéties de Miro Basinas, un Américain ordinaire qui, comme tous les Américains ordinaires, a un rêve, un rêve artisanal associé à une volonté de réaliser un chef d'œuvre, et de devenir le meilleur dans son domaine, à l'instar de ces freaks, héros des romans de Harry Crews, qui veulent devenir par un biais les meilleurs (collectionneur de serpents, culturistes, bouffeur de voitures...), celui de Mark Haskell Smith cherche à devenir célèbre en réalisant le cannabis qui aura le meilleur goût, le moins d'amertume, et le moins de force pure, mais qui sera capable d'apaiser l'esprit tout en conservant un arrière-goût de mangue addictif. Il a tellement confiance dans son produit, fruit de longues recherches botaniques, de croisements scientifiques, et de ténacité herbicole, qu'il va le présenter à la Cannabis Cup d'Amsterdam, l'Oscar de la marijuana.
Mais le Graal, pour d'autres, c'est de réaliser les rêves les plus profonds comme Daniel, un être profondément religieux, qui passe son temps à relire la Bible et à répandre la bonne parole mais qui sent bien qu'il manque quelque chose à sa vie. Et ce quelque chose est sans doute lié à ce qui, caché dans son slip, se dresse de temps en temps. Et il ne va pas tarder à comprendre. Sa sexualité se développe en même temps qu'il assimile qu'elle n'est qu'un reflet du divin. Ces éléments, il n'a de cesse de se les expliquer en détail, et de tirer le roman du côté d'un certain humour mélangé à une folie douce et agréable, comme s'il y avait un joint qui circulait entre les différents protagonistes et éléments de façon permanente. D'ailleurs, cette folie douce gagne à la fois les forces de l'ordre et les gangsters qui envahissent cette histoire car, évidemment, la meilleure drogue du monde attire les convoitises.
Tout s'accélère au moment de la rencontre entre Miro et Daniel. L'on suit leurs aventures pour récupérer le cannabis et aller jusqu'au bout de leurs rêves. L'intrigue de Mark Haskell Smith est rendue avec force grâce à un style qui manie l'humour caustique en même temps qu'il détruit les fondements de la société américaine - le capitalisme vu à travers les coups tordus d'un capitaine d'industrie, la religion à travers le sadomasochisme larvé et la compassion vue comme un moyen de se faire de l'argent. Sans nul doute, Mark Haskell Smith a dû toucher à ce cannabis miraculeux car son roman baigne dans cette sorte de rêve éveillé avec de légères distorsions de la réalité qui est, parait-il, l'un des attraits de ce produit, et faisant de la lecture une expérience d'apesanteur extrêmement plaisante.
Citation
Rire, tousser ou éternuer lui étaient formellement interdits. Ce qui était fort dommage car il allait passer quelques jours chez ses parents et, qu'en leur compagnie, mieux valait être défoncé.