Contenu
Poche
Inédit
Tout public
354 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3921-0
Coll. "Masque poche. Jaune", 17
Victoire aux tirs au but
L'un des intérêts du roman policier c'est d'essayer d'expliquer le monde, de mettre en corrélation les faits informatifs qui nous submergent chaque jour et de leur donner un sens, de tisser entre ces faits des liens qui font apparaître en pleine lumière ce qui peut ou veut rester caché. Lorsque celui qui mène l'enquête est un journaliste plus qu'un policier cela peut encore renforcer l'idée que les informations peuvent nous parvenir. En l'occurrence, dans Quitte ou double, il s'agit d'un ancien reporter devenu photographe pour la presse people. On aura tous remarqué que, depuis quelques années, entre les démêlés judiciaires de Frank Ribery, les pages people de David Beckham et de sa compagne, les matchs surréalistes dans les ex-républiques soviétiques, la nouvelle "invasion arabe sans son Poitiers final", le football tient le haut du pavé de l'actualité. C'est un milieu que connaît bien l'auteur, et qu'il met en scène ici avec jubilation.
Donc Matt Berger, ancien reporter de guerre qui a perdu la flamme, travaille comme photographe freelance chargé de prendre des photos d'une soirée bounga-bounga, à la sauce footballistico-française, vient de mettre le pied dans un traquenard mortel. À peine a-t-il photographié Jimmy Rowland, nouveau prodige du football français en pleines prouesses sportives avec une prostituée, qu'il manque d'être tué. Quelques heures plus tard, lorsque la putain est retrouvée morte et que le footballeur signe pour un obscur club du Turkménistan, il décide d'en savoir plus. Mais vouloir apprendre la vérité, c'est aussi prendre le risque de laisser une trace sanglante, celle de la disparition de tous les éventuels témoins de l'affaire.
Quitte ou double puise aux sources classiques du thriller avec un héros qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, et qui voit quelque chose qu'il ne doit pas voir. Coincé dans un piège, il lui faut apprendre rapidement à se méfier de tout le monde, y compris de ses plus fidèles amis, et faire éclater la vérité au grand jour pour s'en sortir. Avec un personnage central bien dessiné, et des aventures décrites avec soin dans un cadre général que l'auteur maîtrise et rend de manière crédible, l'intrigue - de facture éminemment classique - est servie par un style nerveux qui sait instiller de temps en temps une dose d'humour. Dans le même temps, elle présente par le petit bout de la lorgnette une profession et un milieu dont on connaît souvent que les ors, ce qui n'est pas sans rappeler Les Cinq dernières minutes. Pour un premier roman, Cyrille Legendre a rempli son contrat (comme dit le commentateur à la fin d'un match victorieux de l'équipe nationale). On attend la transformation... ou la confirmation !
Citation
La société audiovisuelle de Zeinoun avait remporté une offre de marché pour un travail un peu particulier. Scénariser, réaliser et produire la tentative bidon d'assassinat sur Niyazov, le président turkmène.