La Sixième île

Mlle Jane Neal se présenta devant Dieu dans la brume matinale du dimanche de Thanksgiving. Ce décès inattendu prit tout le monde au dépourvu.
Louise Penny - Nature morte
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Aventure

La Sixième île

Historique - Braquage/Cambriolage - Enlèvement - Disparition - Assassinat MAJ mardi 06 août 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,65 €

Daniel Chavarría
La Sexta isal - 1996
Traduit de l'espagnol (Cuba) par René Solis
Paris : Rivages, janvier 2013
478 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2441-5
Coll. "Noir", 896

Chasse au trésor

Cubain d'adoption, l'écrivain uruguayen Daniel Chavarría avec ce roman à trois voix qui se situe à trois époques différentes - une au XVIIe et les deux autres au XXe siècle à quelques décennies d'intervalle - tient la gageure d'offrir un texte touffu qui explore les pans de la littérature d'aventure et d'espionnage mâtiné de thriller. Mais La Sixième île est surtout un roman baroque et historique qui narre les aventures d'un Espagnol devenu brigand, fuyard et pirate, un Chéri-Bibi hispanique qui, par certains aspects n'est pas sans rappeler le romancier lui-même dont la vie aventureuse et mystérieuse l'a conduit à endosser la tenue de moine à l'instar de son héros Alvaro de Mendoza. Plus on avance dans le récit, plus l'auteur se focalise sur le roman historique au détriment des deux pans contemporains.
Pourtant, dès le début, il prend le temps de présenter ses personnages. Il y a tout d'abord Lou Capote, cadre supérieur d'ITT, une entreprise qui ne connait que ses propres règles, joueur et collectionneur d'échecs et surtout voyeur fétichiste qui ne peut jouir qu'en regardant un tableau espagnol pendant qu'une prostituée en tenue d'écolière le laisse déchirer sa petite culotte. Ensuite Bernardo Piedrahita, orphelin uruguayen, très intelligent, élevé par les Jésuites. Et enfin Alvaro de Mendoza, fils d'un second mariage entre un Hollandais et une Espagnole, trahi par son demi-frère, contraint pour une raison d'honneur de tuer le frère de sa promise. On le voit, le concernant, c'est un début idéal pour parfaire le portrait d'un homme au destin tragique que la société n'aime pas. Le premier des hommes va faire l'objet d'un ingénieux enlèvement, et l'on se doute très vite que ce sera par le deuxième (puisque le troisième est mort trois siècles plus tôt). Quelques omissions de la part de l'auteur de La Sixième île rendront l'ensemble légèrement incohérent puisque les trois destins ont à voir selon la règle qui veut qu'à la toute fin du roman les pistes se recoupent, mais Daniel Chavarría excelle dans la narration baroque hommage à L'Île au trésor, de Stevenson.
Son personnage d'Alvaro de Mendoza qui non content d'accumuler les crimes, d'endosser des costumes différents et de multiplier les larcins et les complicités avec des hommes vraiment peu recommandables, va trouver la fortune alors que dans le même temps il y perd la langue pour une histoire de code des pirates - comme il aura, lui, homme d'honneur, déjà essuyé le code des brigands. Et c'est là l'essence même de ce roman d'aventure que de montrer un homme qui se plie aux codes des bannis, que la société rejette faute de les assimiler. Lui, Alvaro de Mendoza, brillant enfant, promis aux plus hautes destinées, tombe très vite de son piédestal devant la machination simple, médiocre et mesquine ourdie par son demi-frère qui a la loi pour lui.
Enfin, tout ceci nous est présenté lors d'une confession en treize journées par le gentilhomme de fortune alors que mourant il est recueilli par les frères dominicains. Cette histoire, on se l'approprie, elle nous enchante, on la prend pour véridique avant que Daniel Chavarría avec beaucoup de talent nous apprenne à ne pas la prendre pour argent comptant. L'ensemble est érudit, joliment écrit avec une veine romanesque et baroque héritée d'Alexandre Dumas remis à la sauce hispano-américaine, ça se lit d'une traite fougueuse et qu'importe les points discordants, on en ressort conquis.

Citation

Il était né aux Îles Vierges, du temps où elles appartenaient encore au Danemark, d'un père danois et d'une mère française. Mais c'est à Porto Rico, où il était allé se faire payer la facture d'une cargaison de sucre, que Sosthenes Behn se lança dans le téléphone.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 26 juillet 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page