Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Janine Lévy
Paris : Le Masque, mars 2013
308 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3817-6
Coll. "Agatha Christie", 25
Désir de mort
Le Cheval pâle, d'Agatha Christie, est un roman policier qui met aux prises un couple de détectives dilettantes à une bande organisée menée dans l'ombre par un cerveau aussi intelligent que machiavélique. Tout débute dans un café de Chelsea lorsque le romancier Mark Easterbrock est témoin d'une querelle entre deux jeunes prétendantes qui finissent par se prendre littéralement le chignon. C'est-à-dire qu'une des filles perd ses cheveux par touffes sans que cela lui fasse le moindre mal. Esbroufe ou réalité ? Toujours est-il que quelques jours plus tard cette même fille meurt suite à une grippe qui a mal tourné. Plus tard, plus loin, mais toujours en ville, le père Gorman est retrouvé assassiné au fin fond d'une ruelle, les poches percées retournées. La police a retrouvé dans une de ses chaussures une liste de noms qui sans nul doute lui a été dictée par la femme repentante en instance de mort qui l'avait appelé à son chevet.
Se prenant au jeu, Mark Easterbrock enquête, et ses pas le mènent rapidement au Cheval pâle, un ancien pub habité par un trio de sorcières qui vivent étrangement de séances de spiritisme. Celles-ci sont convaincues du désir de tuer présent en chacun et assurent qu'elles sont ainsi capables d'influer sur la vie des personnes. Le rationalisme aiguë du romancier est fortement pris à partie. S'il sent qu'il y a embrouille sous robe de sorcière, il doit se décider à trouver une acolyte qui l'aidera à démystifier tout ceci, et à arrêter by the way les coupables. Plutôt que de choisir sa meilleure amie qu'il juge d'un ennui profond, il décide de faire appel à Ginger, une jeune restauratrice d'art. Ensemble, ils concoctent un plan sans accroc, et Mark Easterbrock part à la rencontre d'un bookmaker connu pour être un malfrat de la pire espèce parier que dans un mois Ginger sera toujours en vie. Une séance de spiritisme plus tard avec décapitation de coq blanc à la clé, Mark Eastervrock, quelque peu déstabilisé, prend des nouvelles de Ginger. Celle-ci se porte pour le mieux, si ce n'est qu'elle sent les débuts d'une grippe. Le contre-le-montre commence alors car, si vous ne l'avez pas deviné c'est qu'il vous faut reprendre la littérature par "Les Aventures de Jojo Lapin", le romancier est tombé amoureux de la restauratrice d'art qu'il appel même "chérie" au téléphone dans un moment d'égarement où le flegme britannique s'est fait la malle.
L'intrigue qui puise dans l'irrationnel offre une conclusion évidemment ordinaire quoique mûrement réfléchie. Un pharmacien a vu quelqu'un suivre le père Gorman peu avant qu'il soit tué, et l'a parfaitement décrit. Plus tard, ce pharmacien à la retraite croise ce même quelqu'un. Il est sûr de tenir le coupable sauf que ce dernier se déplace en fauteuil roulant, jeune victime de la polio. Histoire de compliquer les choses, il est riche sans pouvoir justifier de ses revenus... Le Cheval pâle est plaisant à lire, il n'est pas révolutionnaire, il n'offre pas le regard habituel de la romancière sur la société, il est plus dans la lignée whodunit que s'empresseront de prendre ceux qui se disent à tort héritiers d'Agatha Christie - le paradoxe de l'écrivain, du moins sur ce roman... Sauf en ce qui concerne le coupable, qui lui est bel et bien un habitué des romans d'Agatha Christie : on se dit qu'il n'y a pas de doute, que c'est lui, puis on l'écarte, puis il est démasqué dans une scène finale avec les principaux protagonistes encore en vie de cette histoire. Basique avec une once de talent.
Citation
Mais qu'est-ce qui t'arrive Mark ? Des coqs blancs... pour des sacrifices, sans doute ! Une médium, une sorcière locale et une vieille fille capable d'expédier un rayon de la mort garanti fatal. C'est dingue, mon coco, absolument dingue.