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Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Le Seuil, mars 2009
190 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-02-099331-9
Coll. "Roman noir"
Hors saison
Les Villas rouges est un roman hors saison, dans une station balnéaire désertée, une plongée dans des temps révolus. L'histoire se déroule dans les années 1980, sur fond de lutte politique et de terrorisme. On se souvient alors d'Action Directe, de Jean-Marc Rouillan et de Nathalie Ménigon ; nous reviennent même de plus loin, la Fraction Armée Rouge et la bande à Andreas Baader, toutes ces histoires, sanglantes, violentes, qui occupaient les journaux télévisés de notre enfance (de la mienne en tout cas) prenant parfois les couleurs d'un romantisme vain et puéril. Et comme pour nous plonger plus encore dans cette époque, Anne Secret s'inscrit, par son style, dans la continuité des grands auteurs du roman noir à la française. On pense ici, entre autres, à Hervé Le Corre (lire Du Sable dans la bouche), et même à Jean-Patrick Manchette et sa Position du tireur couché.
Mais il ne faut pas se méprendre, il n'est point question ici de nostalgie. Anne Secret poursuit plutôt une entreprise engagée par ses aînés ; celle d'inscrire le roman noir dans la littérature, sans considération de genre, et ce qui pourrait passer pour une économie de moyens, tant son écriture tend à la concision, est en fait une quête réelle de l'épure. Marc Villard, qui signe la quatrième de couverture, dit d'Anne Secret qu'elle est la "dépositaire inspirée d'une écriture du comportement, [qui] évite les afféteries stylistiques et le pathos encombrant". Pour autant, malgré cette concentration de l'écriture sur le factuel, l'auteur n'en oublie pas ses obligations envers le lecteur et livre un récit efficace dont la tension passe dans l'aridité du verbe. J'en veux pour preuve les premières pages du roman. Nous sommes plongés directement dans une scène d'action : l'attaque d'un transfèrement pénitentiaire dans le but de libérer un activiste allemand. "Dans mon rétroviseur, double appel de phare de la Renault." Phrase sans verbe : c'est le signal, Kyra, le narrateur, peut agir. "J'enfonce mon bonnet au ras des yeux. Mets le contact. Débraie." Élagage jusqu'au verbe seul pour une efficacité totale, une implication du lecteur dans la scène qui la vit en même temps qu'il la lit. Bien entendu, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu. Il faut bien que le roman existe. Nous voilà donc entrainés dans l'errance avec Kyra de la baie de Somme à Paris en passant par Ostende et le Luxembourg, Kyra telle une balle perdue dont on se demande où elle va bien pouvoir finir sa course.
On en parle : 813 n°105 |La Tête en noir n°145
Récompenses :
Calibre 47 2010
Nominations :
Prix du Meilleur polar francophone 2009
Prix des lecteurs Ancres noires 2010
Prix de la ville de Mauves-sur-Loire 2010
Citation
On va sortir de la gare, quand il m'arrête d'un geste. Dans l'entrée, j'entrevois la silhouette sombre d'un gendarme. Déjà.