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Cataclysme en approche
Les historiens ou les partisans du parti socialiste connaissent l'histoire réactivée dans les années 1990 après la mort de Pierre Bérégovoy. En 1936, le ministre de l'intérieur du Front populaire, Roger Salengro, se suicide suite à une campagne calomnieuse qui évoque sa trahison pendant la Première Guerre mondiale, et les frasques de son épouse décédée. Le Lion des Flandres revient sur les événements qui ont conduit à ce suicide, à travers le parcours de l'inspecteur Frémont, socialiste de conviction, mis à la tête d'une cellule spéciale chargée de protéger le ministre en le vrai du faux de ces rumeurs, et qui surtout enquête sur l'assassinat d'un ancien policier devenu homme politique socialiste, Fernand Lemoine.
C'est l'occasion pour Roger Facon de nous proposer une description historique de la période : si l'on cherche à salir Roger Salengro, c'est pour de multiples raisons. D'un côté, des nazis qui veulent discréditer un des soutiens de l'intervention française en Espagne et qui vont réactiver les réseaux d'espionnage qu'ils ont mis en place lors de l'occupation de 1914, et s'appuyer également sur les hommes de l'extrême droite française, le groupe d'officiers autour du maréchal Pétain, qui préparent un coup d'État. De l'autre, des forces disparates et notamment des communistes staliniens qui ne supportent pas le socialisme faiblard sans aspérité. Face à eux pour défendre le ministre, le groupe spécial doit composer avec d'anciens anarchistes proches des trotskistes et qui constituent des réseaux avec des gangsters (comme le truand Paolo Gras de Bœuf) pour faire passer des armes en Espagne. Des réseaux qui ont bien entendu commencé des années plus tôt leur travail avec un jeune droit commun russe du nom de Joseph Staline...
Outre l'inspecteur Frémont, l'un des personnages centraux de cette histoire est Séraphin Mangin, journaliste d'extrême droite qui monnaie les informations scandaleuses qu'il possède : soit on paie, soit il les publie. En cheville avec un groupe qui cherche des sosies d'hommes célèbres qu'il met en scène dans des films ou des photos pornographiques, il n'hésite pas à tuer et à faire disparaître ses victimes dans l'acide des cuves de sa maison ! De fait, si tous ces événements sont évoqués, au cours de courtes scènes qui décrivent des assassinats, des vengeances, des plans qui échouent et répondent à des coups tordus, c'est parce que le roman s'intéresse avant tout à l'Histoire, à la documentation sérieuse, aux mouvements des idées, et aux passions politiques des hommes. Les différents personnages (le journaliste, un espion allemand, le commissaire et sa maîtresse, une actrice dont la mère vient d'être tuée en Allemagne car elle était affiliée à des mouvances antinazies) sont esquissés, ressemblent à des marionnettes ballonnées par l'histoire. Les quelques pages où s'expriment en pensées internes Salengro laissent imaginer un autre roman où les acteurs auraient été plus présents, où Le Lion des Flandres aurait plus été un roman à suspense qu'un intéressant docu-fiction historique peuplé de quelques personnages affabulés.
Citation
Ils font la cueillette du riz noir en Indochine pour financer leurs opérations spéciales ! Des opérations illégales qui vont toutes dans le même sens :amener Pétain au pouvoir.