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La Vengeance de Baudelaire
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du néerlandais (Belgique) par Marie Hooghe
Boulogne-Billancourt : Pôle, juin 2013
292 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8224-0228-6
Coll. "Noir"
Les bonnes senteurs des Fleurs du mal
Durant le XIXe siècle, quelques figures poétiques émergent, dont celles de Baudelaire, Rimbaud et Verlaine. C'est oublier qu'autour de ces noms traînent une cohorte de petits écrivains romantiques et frénétiques qui feront les beaux jours des surréalistes et des amateurs de littérature échevelée ou gothique, et qui engendreront les débuts du roman policier et feuilletonesque entrevu dès Le Moine (1796) de Matthew Gregory Lewis et qui est confirmé par les fantaisies de Pétrus Borel. Bob Van Laerhoven restitue doublement la période : nous sommes quelques années après la mort de Charles Baudelaire, en plein Commune parisienne. Alors que les Prussiens encerclent la ville et que la nourriture vient terriblement à manquer, un tueur en série fait son apparition, signant son crime en écrivant des vers du grand poète sur les cadavres. Chargé de l'enquête, le commissaire Paul Lefèvre a des difficultés à mener l'affaire tout en poursuivant ses propres chimères dont cette prostituée qui lui plaît tout particulièrement car maitrisant à merveille des jeux érotiques complexes, et un goût, très en vogue pour l'époque, de quelques substances hallucinogènes.
L'enquête utilise avec force tout le décor et les ambiances propres de l'époque (tout en restant moderne dans son traitement et certaines de ses chutes). Des personnages historiques apparaissent en arrière plan, des créatures douteuses ont une sexualité trouble, une sexualité qui se niche dans les couvents mais qui ne peut exclure les lesbiennes, les caves profondes, les souterrains malsains, les poisons, et les comploteurs nichés derrière les murailles. Surviennent dans l'histoire un comte de Cagliostro, des rites vaudou, et une tête de sorcière pourrissant dans un placard mais utile pour quelques exercices de divination. L'adjoint du commissaire, l'inspecteur Bernard Bouveroux, se retrouve même emmuré vivant, conscient mais incapable d'agir, ce qui pourrait là aussi servir à de futurs rituels sataniques.
Si, à mi-chemin, le lecteur attentif commence à comprendre les enjeux exacts de l'intrigue, le style excessif et frénétique de l'auteur relance constamment son intérêt. La Vengeance de Baudelaire réussit à créer une histoire policière intelligente, sensible, sur les bases d'un style exalté, très inspiré par les nouvelles d'Edgar Allan Poe, que Baudelaire, justement, a traduit, et l'on se prend à vouloir savoir la fin, à dévorer l'histoire.
Citation
La vie et la mort avaient appris au commissaire à aimer la poésie et les femmes légères.