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Inédit
Tout public
Paris : Gallimard, avril 2013
134 p. ; illustrations en couleur ; 29 x 22 cm
ISBN 978-2-07-064518-3
Coll. "Fétiche"
Actualités
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- 28/11 Prix littéraire: Sélection 2014 Fauve polar SNCF
- 24/11 Festival: Livres en tête s'ouvre aux plaidoiries
Pendant cinq journées, du 25 au 29 novembre, se déroule la cinquième édition de Livres en tête, un festival de lecture à haute voix organisé par le service culturel de l'université Paris-Sorbonne (Paris IV) et les Livreurs, lecteurs sonores. Cette année, le président d'honneur n'est autre que François Busnel, directeur de la rédaction du magazine Lire et animateur de l'émission La Grande librairie sur France 5. Pourquoi un festival de lecture à haute voix ? Jean-Paul Carminati, président des Livreurs, lecteurs sonores aime à répéter une réflexion maintes fois entendue après pareil événement, et qui se suffit à elle-même : "Je ne pensais pas qu'il y avait tant de choses dans un livre." De son côté, Yann Migoubert, chef du service culturel de l'université Paris-Sorbonne, se réjouit d'avoir initié un atelier de lecture intitulé Sorbonne sonore. La rencontre ne pouvait que se faire et, comme le note l'écrivain Pierre Jourde, "la voix est le passage privilégié vers le plaisir du texte". Du plaisir, il en sera question tout au long de cette manifestation haute en sonore dont voici le programme détaillé - mais encore plus détaillé concernant la journée qui nous intéresse plus particulièrement, soirée dédiée à des plaidoiries imaginaires. En cette année Albert Camus, nul doute qu'il sera question de L'Étranger, qui a dernièrement été mis en cases par Jacques Ferrandez. Enfin, ne ratez pas le concours thématique d'écriture.
Les plaidoiries imaginaires - première partie (65 min) :
Retour en image sur les plaidoiries imaginaires 2013.
Lundi 25 novembre à 20 h 30 : Défilé de presse.
Mardi 26 novembre à 20 h 30 : Dégustation littéraire.
Mercredi 27 novembre à 20 h 30 : Athlettres.
Jeudi 28 novembre à 20 h 30 : Plaidoiries imaginaires.
"Pour chicaner, gagner son procès, éviter une condamnation, écraser la partie adverse, il faut avoir les mots. Le droit a besoin de la littérature. La littérature, de son côté, adore l'éloquence, les prétoires, les argumentations, les jugements, les retournements de situation à la barre. Tout y est : le drame, le crime, la pitié, la haine, la clémence, le suspense, le pathétique. Dans les textes de plaidoiries et de justice que vous proposent les livreurs, la littérature est à la barre.
Auteurs lus : Victor Hugo, Jean-Luc Coudray, Saint-Simon, Voltaire, Jean-Paul Carminati, Charles Lachaud, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert, Albert Camus, Pierre Desproges, Frédéric Bibal, etc."
Partenaire éditorial : la soirée sera diffusée en direct sur le site Book d'Oreille.
Invités : Matthieu Aron (directeur de la rédaction de France Inter), la promotion 2013 des avocats de la Conférence du Stage du Barreau de Paris et le lauréat du concours Fleurs d'éloquence.
Improvisations au piano : Cyrille Lehn proposera des improvisations musicales sur des thèmes littéraires suggérés par le public.
Lieu : MPAA - Auditorium Saint-Germain - 4, rue Félibien - Paris 6e - M° Mabillon
Tarif : 10 € ; 5 € (-26 ans et chôm.) ; gratuit (-18 ans)
Vendredi 29 novembre à 20 h 30 : Bal à la page - sonore & Gomorrhe.
Les plaidoiries imaginaires - seconde partie (65 min) :
Prix Short Edition - Livre en tête 2013 :
"Les Livreurs s'associent à shortEdition pour organiser la 2e édition de leur Prix littéraire.
C'est un concours de nouvelles lancé à l'occasion du festival Livres en tête, ouvert à tous les amoureux de la littérature. Il récompensera trois textes inédits - d'une longueur de 300 à 400 mots - qui seront présentés au public par une lecture des Livreurs au cours des trois soirées à thèmes :
- Athlettres (le mercredi 27 novembre)
- Plaidoiries imaginaires (le jeudi 28 novembre)
- Sonore et Gomorrhe (le vendredi 29 novembre).
Chaque lauréat se verre par ailleurs remettre un coffret de notre partenaire De Vive Voix et son texte sera publié dans la revue Nouvelles en Sorbonne éditée par l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV).
Le comité de lecture sera présidé par un Jury composé de l'écrivain Pierre Jourde, de la star internationale de lecture à haute voix Félix Libris, du chef du Service Culturel de l'Université Paris-Sorbonne Yann Migoubert et de la directrice éditoriale de shortEdition, Isabelle Pleplé.
Le Prix Athlettres sera remis par Nelson Monfort, le Prix Plaidoiries imaginaires par Matthieu Aron et le Prix Sonore et Gomorrhe par François Busnel et Anna Polina !"
Pour connaître le mode d'emploi et s'inscrire :
Le Prix shortEdition - livres en tête 2013
La lauréate des plaidoiries imaginaires est Marie Lauzeral pour son texte "Écoutez-moi".
Découvrez le texte de sa plaidoirie
Liens : Albert Camus
L'étranger apprivoisé
"Aujourd'hui, maman est morte." À défaut de l'avoir lu, tout le monde a entendu parler du roman le plus connu d'Albert Camus, L'Étranger, paru en 1942, et a en mémoire son incipit. Élément incontournable du "Cycle de l'absurde", L'Étranger avait fait l'objet en 1967 d'une adaptation cinématographique par Luchino Visconti1, il ne manquait donc qu'une bande dessinée. Qui hormis Jacques Ferrandez pouvait relever le défi ? Le dessinateur avait déjà tenté l'aventure avec L'Hôte, il récidive avec un Étranger plus camusien que nature puisé à la fois dans le roman et dans ses souvenirs de famille. En effet, la grand-mère paternelle de Ferrandez et la mère de Camus, toutes deux de la même génération, ont vécu dans la même rue d'Alger à quelques numéros près. Camus et le père de Ferrandez ont fréquenté le même lycée. Autant dire qu'avant d'adapter Camus, dans ses nombreux carnets, dont ceux d'Alger, Ferrandez respirait déjà le même air que Camus.
L'histoire de L'Étranger, c'est celle de Meursault, un homme qui s'oppose à toutes les convenances et qui avant d'être étranger aux autres l'est envers lui-même. Un homme qui se baladant sur une plage baignée de soleil croise un Arabe avec qui il a déjà eu des démêlées un peu plus tôt dans la journée et l'abat d'un coup de pistolet suivi de quatre aux balles alors qu'il était aveuglé par la lame sortie par son opposant (et non assaillant). Pendant son procès, il accusera la chaleur, mais le procureur dressera le portrait d'un homme insensible au point de ne même pas pleurer à l'enterrement de sa mère, et d'aller voir un film de Fernandel le lendemain avec une ancienne collègue devenue le jour même sa maitresse après une journée de baignade à la mer. Camus dira de Meursault qu'il a été condamné à mort non pas pour le meurtre de l'Arabe, mais parce qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère. La situation est absurde, mais elle révèle les craintes et les rancœurs des communautés arabes et occidentales dans un pays qui suffoque sous la chaleur et est abattu par le soleil.
Meursault ne s'explique pas son geste, mais Jacques Ferrandez, avec son trait particulier et ses écarts habituels le dépeint avec maitrise. L'on sent qu'il n'a pas eu trop de mal à s'approprier un univers, des personnages et une œuvre dont il est proche. À mesure que l'on tourne les pages où le soleil nous aveugle, où la langueur nous accapare, où l'on devine que ce qui arrive à Meursault aurait pu nous arriver, le style éclatant de Jacques Ferrandez nous plonge dans un monde si lointain, et pourtant pas si éloigné que ça. Mais que dire du procés avec ce procureur général inique, dessiné affreusement par Ferrandez, à l'image même de sa personnalité drapée dans une moralité des convenances ? Faute de pouvoir condamner Meursault avec des preuves irréfutables, il en dresse un portrait à la limite du machiavélique. Certes Meursault est un être dont la froideur est bien exprimée dans cet album, mais il est surtout malade d'être en décalage avec notre société et ses convenances. Un être ni bon ni mauvais, droit dans ses idées, avec l'idée de ne pas déranger pour peu qu'on ne le dérange pas, avec la volonté de vivre une vie sans surtout ressentir le besoin de se projeter. Un être qui a mis ses sentiments à l'écart, et qui vit au jour le jour en attendant une mort qui se profile à l'ombre d'une guillotine. L'adaptation proposée par Jacques Ferrandez est brillante. Mais qui en doutait ?
1. Le film propose un casting impressionnant avec, excusez du peu, Marcello Mastroianni dans le rôle de Meursault, Anna Karina dans celui de Marie, sa petite amie, Bernard Blier, incarnant son avocat et Bruno Cremer, le prêtre qui vient le voir en cellule
Illustration intérieure
Citation
Un homme qui tue moralement sa mère se retranche de la société des hommes au même titre que celui qui porte une main meurtrière sur l'auteur de ses jours. Dans tous les cas, le premier prépare les actes du second, il les annonce en quelque sorte et il les légitime.