Libecciu ! Calvi in the wind

Il s'arrêta, scrutant le ciel noir, embrumé, sans étoiles, et souhaita le retour du mistral. Il avait envie de voyage. Envie de revoir les steppes de Mongolie qu'il avait traversées naguère. Écouter le vent qui rase l'herbe, le chant continu des plaines sèches, le son monotone de la flûte, le galop d'un cheval filant vers l'horizon. Il marchait dans son rêve avec, dans la bouche, le goût du thé amer. Avec l'espoir que le monde n'était pas cette oasis d'horreur dans un désert d'ennui que chantait Baudelaire, mais autre chose de plus vaste, de plus mystérieux, beau comme le cœur des hommes de sagesse.
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Roman - Noir

Libecciu ! Calvi in the wind

Politique - Complot - Apocalyptique MAJ lundi 27 février 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Petr'Antò Scolca
Ajaccio : Albiana, juin 2013
240 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8241-0291-7
Coll. "Nera"

La France au risque de la Corse...

Tout a commencé quand le Libecciu s'est levé, ce vent qui souffle sur Calvi. Le lieutenant Brizzi, un officier des douanes contraint de faire office de capitaine de gendarmerie par interim, venait d'être appelé sur une scène de crime impossible à rallier sous ce vent. Les indices balayés, le cadavre en drapeau retenu par la manche avant qu'il ne s'envole, Brizzi pestait contre son sort... et ce d'autant que le cadavre n'était pas n'importe quel cadavre, mais celui de l'homme le plus puissant de Calvi. "Un zeppelin d'emmerdes" à lui tout seul. Brizzi avait demandé à ses adjoints de le fourguer dans le coffre de leur voiture à peine en état de marche, et il était allé frapper à la porte de la victime. C'est là que tout s'est compliqué : ses adjoints eurent un accident épouvantable chemin faisant, le cadavre disparut et Brizzi se heurta à un mur de mauvaise foi : le mort n'était pas mort, pour preuve, il l'accueillit bientôt au siège de sa société ! Un sosie ? Un clone ? Un bio-holo réalisa Brizzi, levant une sale histoire dont on le débarqua aussitôt, le contraignant à fuir tandis que de partout surgissaient déjà les assistants robotisés de la surveillance policière lancés à ses trousses par la compagnie d'assurance BELO, celle-là même qui gérait la santé publique et la sécurité routière, et qui venait de préconiser de débrancher ses deux adjoints tant leur état s'était aggravé et les soins s'avéraient coûteux... C'est que BELO avait tout racheté : la santé, les routes, la sécurité publique, confisquant à la police son pouvoir. Mieux valait fuir. Mais dans un monde de codes, de résidences surveillées, de portails qui ne songent qu'à déclencher leur procédure anti-intrus (un jet de napalm), fuir n'allait pas être aisé... Restait le maquis. Et avant de le gagner, la stupéfaction de découvrir que la Corse, gérée par une multinationale, faisait partie d'un plan de développement spécifique, qui la viderait bientôt de ses autochtones... Le maquis donc. Où se terrent des Germano-Corses adulant un dieu planqué dans une grotte : un cochon corse, un vrai... Petr'Antò Scolca nous régale dans ce roman d'anticipation barré. C'est truculent, drôle à souhait, intelligent, écrit en pure déferlante de phrases qui percutent à toutes les lignes du roman, souvent comme un long soliloque halluciné, déversant sans cesse son trop plein dans la phrase suivante. Et mine de rien, sous un récit loufoque à souhait qui fleure Les Aventures du baron de Münchausen, quelle description réaliste de la dérive du pouvoir régalien de l'État !

Citation

Ce qu'il y a de cool à Calvi, c'est que c'est toujours la fin du monde.

Rédacteur: Joël Jégouzo mardi 24 septembre 2013
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