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Tout public
Traduit du hébreu par Jean-Luc Allouche
Paris : Les Escales, septembre 2013
372 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-36569-042-3
Coll. "Les Escales noires"
Actualités
Coups de boule
Parfois l'intrigue du roman policier est une longue montée tendue vers la résolution de son énigme, parfois c'est au contraire une longue descente aux enfers de son personnage principal. Avec Tel Aviv suspects, c'est une trajectoire différente que Liad Shoham, auteur israélien, nous présente : une partie de billards où l'auteur délivre le premier coup et éclate les boules disposées en triangle, laissant ensuite le contrôle du jeu à ses personnages.
Les protagonistes viennent d'horizon divers entre un commissaire de police qui risque d'être mis sur la touche car ses performances baissent, un journaliste débutant qui doit faire ses preuves en face d'un rédacteur prêt à tout pour obtenir un scoop, le bras droit d'un gangster qui veut faire plaisir à son boss en éliminant ceux qui le gênent sans le prévenir, des avocats retors et des procureurs qui rêvent de promotion. Tout ce système pourrait rester bloqué sans l'arrivée de la fameuse boule de billard : un viol a été commis, et un jeune homme est suspecté parce qu'il se trouvait au mauvais moment au mauvais endroit. Seul problème, pour se disculper il n'aurait d'autre choix que de dénoncer un gangster particulièrement pervers et violent. Du coup, cette boule de billard va se voir tamponnée et rejetée sur les différentes bandes de l'intrigue - chaque mouvement provoquant des réactions et des contre-réactions selon les intérêts de chacun.
Mis à part le vieil inspecteur Elie Nahoum, Tel Aviv Suspects montre une brochette de gens impliqués dans l'affaire, mais qui cherchent principalement à défendre leurs propres intérêts. Ce sont les envies contradictoires de chacun qui provoquent par contre-coup les réactions des autres pour constamment rééquilibrer l'histoire en leur faveur. Du coup, le crime central - les viols à répétition - apparaît comme quasi anecdotique, les plaintes des victimes entrent dans le chant mortifère de la ville, comme des événements se noyant parmi d'autres, comme si police, justice et journalisme suçaient la vie quotidienne des gens au lieu d'essayer d'en rendre compte et de l'améliorer.
Citation
Il se demande si, comme au cinéma, on viole les délinquants sexuels en prison.