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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Georges Tyras
Paris : Rivages, juin 2013
172 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2534-4
Coll. "Thriller"
Entraîné dans la spirale vers le fond
Dès le premier chapitre, qui s'intitule "C'était couru d'avance", le roman de Suso de Toro se met sous le rapport à la chance et à la déveine - à la poisse, comme disait André Héléna. Le titre, Ambulance, y renvoie également en plaçant d'office le texte sous l'égide de la maladie, de la blessure ou de la mort auquel il faudra rajouter l'une des grandes scènes centrales du roman qui se déroulera dans une pharmacie. Rien que du normal puisque le personnage central, Petete, est un petit drogué qui a décidé avec son complice, le Gringalet, de braquer une station service pour avoir un peu de liquide. Mais la malchance commence dès le casse, car non seulement il ne rapporte rien, mais dans le même temps des terroristes font exploser une bombe à proximité ce qui renforce l'agressivité de la police qui est plus que jamais sur les dents. L'écriture du récit va donc se concentrer, majoritairement, sur la dérive dans la ville de Saint-jacques-de-Compostelle devenue hostile de ce desperado à la petite semaine. D'autres personnages : une prostituée, un gangster qui joue les indics pour protéger son commerce, un policier au bout du rouleau jouent des figurants bienvenus.
Peu à peu, la noirceur contamine le récit car rien ne se passe comme il le faudrait. Le pompiste volé meurt d'un coup mal placé ; lors de sa fuite Petete se fait une entorse, et tout le monde le trahit car chacun y trouve son compte. Lorsque la situation semble s'arranger, lors de pauses (un café, une chambre, un petit boulot chez un cousin), le malfrat ne se trouve que sur un faux plat avant de reprendre sa descente. Ambulance (et l'on ne peut que songer au proverbe français qui incite justement à ne pas tirer sur les ambulances) raconte donc, de manière nerveuse, avec un humour discret, et un soin d'entomologiste, la façon dont chaque pas que fait le personnage est l'occasion de s'enferrer encore un peu plus, de s'emmailloter dans les filets qui l'enserrent. Ce genre de récit mérite un traitement court car la chute d'un homme, finalement, n'est qu'une suite rapide de déveines persistantes.
Citation
Le mec, il est là, tranquillou, et hop, il se retrouve dans une ambulance. Toute sens dessus dessous. Le chaos, quoi...