Les Grandes affaires criminelles du Cher

Sur la berge, les pirogues se bousculaient, bariolées de peintures géométriques. La plupart se contentaient de faire l'aller-retour entre les deux rives du Maroni. Entre Saint-Laurent et Albina, la ville d'en face, porte d'entrée du Suriname. Fruits, légumes, essence, cigarettes, stupéfiants, les marchandises s'échangeaient à longueur de journée. Seules celles qui voulaient bien passer par la douane étaient déclarées.
Colin Niel - Obia
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Essai - Policier

Les Grandes affaires criminelles du Cher

Faits divers MAJ lundi 14 octobre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 26 €

Sylvie Balland & Jean-Baptiste Luron
Préface d'Yann Galut
Riom : De Borée, août 2013
424 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 17 cm
ISBN 978-2-8129-0871-2
Coll. "Histoire et documents"

Chers assassins

"Le travail de rédaction de cet ouvrage a été partagé entre les deux membres du couple fusionnel que nous formons. Aux recherches, ce fut beaucoup Sylvie, la relecture aussi, tandis que Jean-Baptiste était plutôt le rond de cuir." Elle dirige une petite maison d'édition en région depuis quinze ans tandis que lui est conteur rural, animateur radio, chroniqueur et romancier d'une quinzaine de livres consacrés surtout au patrimoine parlé du Berry. Ils nous racontent ici (dans un style inimitable prévient la quatrième de couverture) "six siècles de grandes affaires criminelles effrayantes" qui s'étagent de 1582, et ses procès de sorcellerie, à 2011 où une policière fut mortellement blessée à coups de sabre par un forcené, l'auteur ouvrant son récit par la citation in extenso des trois pages du discours-hommage de Nicolas Sarkozy à Bourges le 15 décembre 2011. Quelques annexes intéressantes qui, elles, ne tirent pas à la ligne, et une bibliographie complètent l'ensemble.
C'est vrai que le style est différent des autres livres de la collection. Intéressé par le parlé, l'auteur a donc tenté de recueillir dans la mesure du possible la parole des contemporains du fait divers raconté. Il en donne les transcriptions. Il s'attache aussi, très souvent, à compiler les articles de journaux et à les reproduire très largement tout en donnant son avis, par des notes en bas de page, sur le ton du journaliste, voire sa mauvaise foi ou son ignorance de la présomption d'innocence. Il ignore la novélisation à la mode chez De Borée mais glisse son "je" dans les récits ce qui est, là aussi, une tentative étonnante de renouvellement. On trouve ce "je" du scripteur dans de grands articles comme ceux de David Grann au New Yorker. Jean-Baptiste Luron se met d'ailleurs en scène dans ses recherches aux archives ou dans ses doutes concernant des versions de la même histoire comme celle de la pendue accouchant post-mortem. Pourtant, malgré ces techniques novatrices, la lecture de l'ensemble est souvent rendue bancale par ces trop longues citations d'articles qui impliquent des changements de style tout comme les procès et leurs plaidoiries détaillés avec, parfois, la liste entière des jurés ! Sans doute aurait-il fallu résumer et se contenter de raconter les faits comme l'auteur le fait très bien parfois.
Il y a une césure importante entre les affaires anciennes qui courent jusqu'à 1862 et les "contemporaines" débutant en 1931 et se clôturant par de toutes récentes, encore dans les mémoires, comme celle de la policière, du couple homosexuel enterré vivant ou de Jonathan enlevé en classe de mer à Saint-Brévin. La parenthèse des crimes pendant la Seconde Guerre mondiale, dont les récits sont retranscrits d'une manière un peu décousue, est heureusement complétée par une époustouflante annexe où sont listés ceux qui se sont déroulés entre 1943 et 1944. On y constate que les vols du maquis se sont transformés en meurtres de "collabos" à la moitié de 1944. "L'Affaire Paoli" est constituée du parcours d'un collaborateur avec son témoignage largement reproduit et une liste de quatre pages (!) de ses victimes. Outre les habituelles affaires d'infanticide, d'alcool, de mari trompé ou d'amoureux transi, on retiendra du recueil des histoires simples, comme celle de Berthe Charles, l'institutrice assassinée en 1933 dont on n'a jamais retrouvé l'assassin mais que l'auteur cerne à la fin, et le "Crime de la forêt de Vierzon" pour lequel Jean K. a été condamné en 1971.
Enfin "L'Affaire du Bois Bleu", en 1967, constitue une histoire impressionnante où une jeune femme, Mme M.C. femme de photographe, se retrouve soupçonnée du meurtre à coups de barre de fer et de l'incendie de la 2CV du chef de bureau d'une agence bancaire qui venait de faire sa tournée. Pour voler le contenu de sa sacoche, elle aurait été aidée par J.B., son amant, mais également gendarme qui fit partie des premiers enquêteurs ! L'anonymat de De Borée apparaît une nouvelle fois surfait puisque cette affaire retentissante concernant Monique Case et Jules Barrault a fait l'objet de nombreux articles et livres dont celui, très compétent et bourré de documents, de Gérard Boursier, L'Affaire du Bois Bleu, une innocente jetée aux chiens (Noir Délire, 2007). Tous les ingrédients d'un excellent polar à la française y sont présents : du sexe (ou du moins un fort soupçon de sexe), de l'argent, du pouvoir, la province avec ses rumeurs et ses haines, des ambitions, une guerre des polices, des médias prêts à tout et surtout une juge d'instruction, Mademoiselle Chouvelon, tenace face aux enquêteurs machos avec son bibi, son sac à main et son col d'astrakan, comme on la voit dans le livre de Boursier. Jean-Baptiste Luron l'appelle Chaumesson mais oublie sa précaution lors d'une transcription d'article de journal qui révèle son vrai nom. Le démontage des alibis reposant sur les temps de déplacements entre le lieu du crime et les domiciles des suspects constitue un nœud d'intrigue passionnant, et l'arrestation du vrai coupable est un fameux point d'orgue. L'auteur a manifestement choisi le point de vue du public lambda et cite abondamment les journaux locaux avec leurs interviews et leurs suppositions hasardeuses.

Citation

Mais les enquêteurs sont toujours à la recherche de ce véhicule, une R4 beige qui s'est arrêtée mardi dans un hôtel de La Guerche pour demander la route du 'Bois bleu'.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 13 octobre 2013
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