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Grand format
Réédition
À partir de 8 ans
Olivier Besson (illustrateur)
Traduit de l'anglais (Écosse) par Gilles Vauthier
Paris : Thierry Magnier, octobre 2013
70 p. ; illustrations en couleur ; 25 x 20 cm
ISBN 978-2-36474-322-9
Élément mer, mon cher pirate !
Sir Arthur Conan Doyle était le premier à le regretter : Sherlock Holmes a vampirisé sa vie au point que ses aventures n'ont eu de cesse d'éclipser les autres écrits de l'auteur écossais. Ceux dont il était le plus fier étaient ses romans historiques. Dans un très bel album illustré par Olivier Besson, les éditions Thierry Magnier proposent un récit historique d'aventures pirates qui se passe après le traité d'Utrecht, quand la guerre de succession d'Espagne prend fin. Un récit qui est une collation de trois des six contes de pirates, qu'écrivit Conan Doyle.
Les amateurs de piraterie savent bien la différence entre le corsaire et le pirate. L'un agit pour le compte d'un Roi, l'autre sème le trouble et la mort, et n'a de compte à rendre qu'à Dieu. Et dans ce récit en trois temps de Conan Doyle, le lecteur va plonger dans l'océan Indien, au large de Madagascar, vers les îles des Tropiques, en compagnie de l'un des plus féroces de ces Ismaël de l'océan, le capitaine Sharkey, qui navigue à bord du Happy-Delivery - tout un programme. Sharkey est un pirate de la pire espèce aux yeux "d'un bleu très clair, recouverts d'une taie, avec des paupières bordées de rouge", qui fait dans ce petit album romancé une apparition des plus remarquées.
Tout d'abord parce que le récit débute par l'annonce de sa mort prochaine. Ensuite, parce que par un malheureux concours de circonstance et une ingénieuse substitution, le capitaine investit un bateau qui se croyait sain et sauf. Enfin, parce que le valeureux capitaine du bateau en question force le respect du boucanier, ce qui permettra plus tard à un odieux plan de ne pas se réaliser. Mais le pirate même dans sa fuite sème la terreur et le sang. Il n'aura de cesse de faire preuve de hardiesse et d'intelligence jusqu'à une fin vengeresse annoncée où les mille sabords explosent à tout va.
C'est cette histoire joliment romancée que propose Arthur Conan Doyle. Et l'on s'aperçoit que les mots marins d'époque pullulent pour le plus grand plaisir du lecteur. Tout est ici fleuri. Certes, la lecture s'annonce beaucoup moins périlleuse en compagnie d'un adulte pour expliquer ici et là des mots ou des passages entiers d'un texte qui n'est pas à proprement parler à destination des enfants, mais le voyage dans l'inconscient imaginaire est certifié. Il y a de la valeur, de la lâcheté, du crime, de la rapine, très peu d'honneur malgré un code des pirates, des explications, de la terreur, de l'exploration et, surtout, une sourde vengeance.
"Bien mal acquis ne profite jamais." C'est d'autant plus vrai pour des pirates qui bien souvent finissaient pendus à la mâture d'un navire. En cela, la fin de Sharkey est à la fois terrible et logique. Ce ne sont pas les portraits dessinés par Olivier Besson qui tendront à montrer le contraire. Ses personnages ont le visage dur, la peau meurtrie par le sel, le soleil et les coups. Il se permet le luxe de nous offrir une jolie marine avec combat à la clé, il nous promène dans les îles sous le vent. Ses hommes prennent la pose, mais demeurent impassibles... sauf devant la mort ! Décidément, ce bougre de Conan Doyle savait raconter des histoires hautes en couleur...
Le recueil comporte les contes : "Le Gouverneur de Saint Kitt" ("The Governor of St. Kitt's", janvier 1897), "Les Rapports du capitaine Sharkey avec Stephen Craddock" ("The Two Barques", mars 1897) & "Comment Copley Banks extermina le capitaine Sharkey" ("The Voyage of Copley Banks", mai 1897).
Citation
Les boucaniers étaient quelque chose de plus relevé qu'une vulgaire bande de pillards. Ils formaient une république flottante avec des lois, des usages et une discipline.