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Poche
Inédit
Tout public
Un pastiche, sinon rien
Dans les années 1960, les romans et les films policiers français mettent en scène les mondes de la pègre et de l'espionnage, deux genres populaires par essence. Pour s'en moquer et surtout s'en amuser, Georges Lautner et Michel Audiard réalisent Les Tontons flingueurs et Les Barbouzes, dynamitant les genres, et s'assurant ainsi une renommée encore d'actualité. Gordon Zola est lui aussi un dynamiteur de genres. Cela lui a même valu quelques déboires lors de la parution de romans pastiches où il était facile de reconnaître le célèbre Tintin sous les traits de Saint-Tin. Ce coup-ci, il lui est venu l'idée de mettre en abyme le film culte des Tontons flingueurs en lui offrant une nouvelle perspective. Le point de départ est d'ailleurs simple : il suffit de reprendre presque intégralement l'histoire, mais de l'adapter en faisant des principaux protagonistes des homosexuels, deux personnages demeurant profondément hétérosexuels : l'un parce qu'il est père de famille et l'autre parce qu'il s'agit du personnage incarné par Lino Ventura, l'adepte des bourre-pifs à base de testostérone...
Un vieux truand, donc, retiré au Mexique, se sentant mourir, appelle à la rescousse Lino car il faut encadrer le fiston, actuellement dans un pensionnat en Suisse, afin qu'il puisse reprendre en main l'entreprise truandesque familiale. Mais les bras droits ne l'entendant pas de cette oreille alors que le fiston a surtout envie de profiter de la nouvelle loi française établissant le mariage pour tous afin de convoler en justes noces. Pour relier cette trame aux aventures du commissaire Suitaume, héros récurrent de Gordon Zola, des morts suspectes dans le Milieu - la guerre de succession provoque des ravages - attirent l'attention de la police et justifient son intervention.
L'auteur va jusqu'au bout de sa parodie. C'est à la fois une véritable mise en abyme et une mise en boite : tout le monde se révèle inverti, les jeux de mots scabreux fusent, le film déformé défile sous les yeux du spectateur devenu lecteur. Le fil reste très monomaniaque autour de l'homosexualité des personnages, envahissant tout l'espace du texte, jusqu'aux seconds rôles lointains. Il faut également noter une superbe idée assez poétique pour développer le trafic de drogue grâce à des passeurs innocents et invisibles, mais Les Tatas flingueurs sera principalement savouré par les amateurs de parodie et de jeux de mots(plus ou moins laids) de la grande période San-antonio.
Citation
Fernand le Mexicain toussant comme la vieille micheline de son enfance... Pas la mère maquerelle de l'impasse du Doigt-qui-rit, dans l'arrondissement coquin de Paname...