Contenu
C comme cadavre
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sebastian Danchin
Paris : Archipel, octobre 2013
360 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-1254-1
Coll. "Suspense"
Action sur commande ?
Deuxième roman de la nouvelle série du duo Douglas Preston et Lincoln Child consacrée à Gideon Crew qui, dans le premier opus, se découvrait atteint d'une maladie incurable et était recruté pour une officine secrète du gouvernement. Ici, il reprend du service lorsqu'un de ses anciens collègues du laboratoire nucléaire de Los Alamos, nommé Chalker, est devenu fou et prend en otage ses collègues. En plein délire, Chalker prétend avoir été enlevé pour expériences... Il est abattu par la police d'une façon qui rappelle douloureusement à Gideon la mort de son père, qui connut en son temps le même sort. Or Chalker s'était converti à l'Islam, ce qui en faisait un terroriste, n'est-ce pas ? Tous les indices donnent à penser qu'il faisait partie d'une organisation terroriste visant à faire exploser une bombe dans une ville des États-Unis. Mais les preuves sont un peu trop évidentes aux yeux de Crews, surtout pour quelqu'un d'aussi pacifique que Chalker. Alors que le compte à rebous s'égrène, toutes les pistes s'avèrent déboucher sur des cul-de-sac. Jusqu'à ce que...
Soyons net, le premier tome a partagé les fans (dont votre humble serviteur), au point de pousser à se demander s'il ne s'agissait pas d'une commande d'éditeur. On aime Preston & Child pour leur amour et leur maîtrise des archétypes de la littérature populaire, la jubilation évidente qu'ils prennent à les employer ou les pervertir, leur sincérité dans la défense et l'illustration du genre tel qu'on le pratiquait au XIXe siècle (ce sont deux holmésiens reconnus et convaincus) et leur habileté dans le tricotage d'intrigues improbables qui s'avèrent au final d'une logique implacable. Quel besoin ont-ils de chasser sur les terres de James Patterson et Lee Child ? Gideon Crew a un petit supplément d'âme par rapport aux héros monolithiques qui peuplent ce genre de romans, et les plus belles pages sont celles consacrées à ses sentiments face à une mort proche et inéluctable. De même, les auteurs jouent de la paranoïa islamophobe qui fait qu'il est facile de jouer de l'équation musulman = terroriste pour noyer le poisson. Mais le syndrome hollywoodien a frappé avec la nécessité de caser des scènes à grand spectacle souvent gratuites (une scène d'évasion digne du Fugitif avec incendie à rallonge, une exflitration dans une communauté survivaliste qui ne débouche sur pas grand-chose) pour un finale revenant à la configuration habituelle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu la bombe. Entendons-nous bien : le résultat reste plusieurs coudées au-dessus des productions habituelles du genre en anglo-saxonie (surtout si on tape dans le bas de gamme que les éditeurs français évitent de nous infliger...), mais on tend à penser que Crews, Gideon restera le parent pauvre de Pendergast, Aloysius. Si le résumé et/ou le premier tome vous ont emballé, si vous cherchez l'équivalent d'un testostérone-opéra hollywoodien pour faire passer un voyage en train, allez-y les yeux fermés. Les fans des auteurs, qui les ont habitués à l'excellence (et ce n'est pas fini, le prochain Pendergast à paraître étant éblouissant) seront plus mitigés...
Citation
Ce jour-là, son père lui avait expliqué que le secret d'une pêche réussie, comme celui d'une existence heureuse, était la patience.