Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Tézenas
Paris : Rivages, octobre 2013
176 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2626-6
Coll. "Noir", 930
Chauffeur 2
On n'échappe pas à son destin, et le Chauffeur, conducteur acrobatique pour le cinéma, mais aussi pièce maitresse d'une équipe de braqueurs dans Drive, a dans un premier temps eu le privilège de voir Ryan Gosling l'interpréter dans le film éponyme de Nicolas Winding Refn. Succès du film oblige, James Sallis qui n'avait peut-être pas imaginé faire une suite, s'est emparé de nouveau de son personnage. Aussi, la violence que le Chauffeur n'a eu de cesse de fuir dans le précédent roman le rattrape-t-elle dans Driven, un second volet ancré dans le passé dès son titre. Homme blessé à la fin de Drive, il est meurtri au début de Driven. La faute à des tueurs qui ont retrouvé sa trace et éliminé Elsa, sa compagne. À l'instar des vieux cow-boys sur le retour, le Chauffeur reprend le sentier de la violence étape par étape. Première étape : récupérer une voiture digne de ce nom. Deuxième étape : trouver le nom du commanditaire. Troisième étape : se faire vengeance. À la prose poétique de James Sallis se confronte l'implacabilité d'une situation. Le Chauffeur est un homme sûr de ses faits, sûr de ses gestes, qui n'agit pas par méchanceté mais parce qu'il n'a pas le choix. Et ses gestes suivent une mécanique aussi bien huilée que la voiture au moteur débridé qu'il va s'offrir. Car en plus d'être un pilote émérite, il est aussi un mécanicien qualifié, qui trouve chez ses congénères de garage des alliés qui l'aident, l'admirent et le respectent. Le Chauffeur, condamné, il vient de le comprendre, à vivre solitaire une fuite éperdue et douloureuse, se sent acculé. Alors, telle une bête sauvage, il va débusquer sa proie, celle qui a commandité son propre meurtre. L'intrigue est à la fois simple, rudimentaire et efficace. Elle s'appuie sur un roman court (à l'ancienne, dirons-nous), et c'est plutôt tant mieux. Car Driven n'a pas l'allant et la force de la nouveauté de Drive. C'est une suite forcée, poussive dans ses (re)bondissements, comme si l'auteur en gardait sous ses chevaux. Au moment de fermer le roman, on s'aperçoit qu'il a laissé les clés sur le contact, comme si déjà un troisième volet s'annonçait - ce que l'on n'espère pas. Drive était une Ferrari étincelante, Driven s'apparente à une vieille Ford décatie avec du charme, pourvu que Will drive ou que sais-je comme titre ne nous propose pas de monter dans une Trabant sans essence.
Citation
À peu près, plus ou moins : son visiteur venait à l'évidence d'un monde d'approximations, où la perception, le jugement, les faits mêmes étaient comme en suspens, susceptibles de changer de place à tout moment.