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Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Hege Roel Rousson
Arles : Actes Sud, avril 2013
556 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-01767-5
Coll. "Actes Noirs"
Asile de marteaux
Ce n'est pas parce qu'on est paranoïaque que le monde entier ne nous en veut pas ! C'est autour de cette aphorisme digne de Pierre Desproges que pourrait commencer le roman de Lars Kepler, qui nous plonge dans une petite unité de soins psychiatriques pour adolescents, centrée autour d'un couple de soignants. Au cours d'une longue nuit un drame affreux se noue. Au matin, une pensionnaire et l'infirmière de garde sont retrouvées assassinées, et Nicky, l'une des pensionnaires a disparu non sans avoir laissé sous son oreiller un marteau ensanglanté. Cela met en émoi, outre la population, l'inspecteur Joona Linna chargé de l'enquête. Un inspecteur inquiet car les choses sont drôlement compliquées pour lui : menacé d'être exclus de la police pour avoir donné des renseignements sur une affaire sensible, il accumule les soucis dans sa vie personnelle (liée à un tueur en série lui aussi habitué des maisons de santé). L'enquête gagne en intensité lorsque la principale suspecte vole une voiture dans laquelle se trouve un enfant. Joona Linna, confronté à la folie, doit aussi gérer une voyante qui prétend avoir des informations sur le double meurtre...
Ce n'est pas parce qu'on est un auteur nordique, suédois qui plus est, que l'on ne doit pas calibrer ses textes à l'américaine où évoluent un policier coincé entre son métier et sa vie sentimentale (une femme qui se meurt au loin, une fille abandonnée par nécessité), une coupable désignée en fuite et que l'on doit aider à prouver son innocence, un coupable bien caché et pourtant évident, une intrigue secondaire qui rejoindra la première, et surtout des chapitres finaux mais pas finauds qui annoncent la suite de la série. Envers et contre tout et tous, Joona Linna mène son enquête, persuadé de comprendre les choses. Il n'hésite pas à payer de sa personne et ce sont dans des petites sous-intrigues comme la recherche des corps dans une rivière en crue juste à proximité d'un barrage, une tentative d'arrêter un véhicule, la rencontre d'un témoin, que le métier de Lars Kepler atteint son meilleur (ce qui est tout relatif). Incurables est un thriller de facture honnête qui ne révolutionne pas le genre mais qui offre une histoire solide avec des personnages dessinés avec soin, et s'installe dans les décors décrits.
Citation
La bouche du canon monte vers son œil et elle ferme les yeux. Elle sent la pression contre sa paupière et son globe oculaire. Elle n'entend pas la déflagration.