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Grand format
Inédit
Tout public
342 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-1234-3
Coll. "Cœur noir"
Petits papiers
Parfois, il suffit d'un rien pour que l'Histoire vire à la tragédie ou à la farce, pour que ses quiproquos fassent rire ou pleurer. C'est le cas avec ce récit de Noël Simsolo situé dans les chambardements qui touchent la France en ce mois de juin 1944. En effet, aux interstices du conflit qui oppose forces allemandes et alliées, se déroulent d'autres guerres plus souterraines. Du côté des Alliés, les Anglais et les Américains surveillent étroitement les résistants qui sont eux mêmes divisés entre communistes, gaullistes et anciens des forces de droite. De l'autre, mais un peu tard, certains Allemands fomentent un complot pour renverser Hitler. Au milieu de tout ce maelstrom, d'aucuns essaient de survivre ou de s'enrichir : des résistants certes, mais des tueurs assoiffés de sang qui profitent des occasions pour tuer et assouvir leurs pulsions, des femmes de petite vertu qui grimpent en haut de l'échelle du proxénétisme, un truand qui mange à tous les râteliers... La liste des exacteurs est longue ! Et il ne faut pas oublier certains militaires dont le métier est de trouver et de piller les trésors artistiques de la France.
De fait, tout débute avec la mort de Wrang, un officier allemand au sortir d'un bordel. Victime d'un "terroriste", le cadavre se voit prestement dévaliser de ses papiers qui contiennent outre de l'argent, des plans de l'invasion de l'Angleterre et la liste des traîtres qui préparent le complot contre le führer. Et cela même sous les yeux de Jean Leblanc, un pickpocket et illusionniste qui était chargé de délester Wrang de cette fameuse liste de traitres ! Tout le monde (les diverses polices du Reich, les inspecteurs français dont certains trahissent pour un camp ou l'autre, la truanderie parisienne) veut alors récupérer les documents. C'est sur le tournage des Visiteurs du soir, de Marcel Carné, que Jean Leblanc reconnait l'agresseur inconnu...
Noël Simsolo, connu pour sa grande culture cinématographique, va montrer comment s'agite tout ce petit monde en les mélangeant avec des vedettes de l'époque : Céline, le docteur Petiot, Cocteau... En quelques phrases, quelques éléments, il rend compte de l'époque, multiplie les allusions, utilise au mieux sa documentation pour rendre crédible une intrigue mouvementée. Au centre de son histoire, il place Jean Leblanc, homonyme du père d'Arsène Lupin dont il partage certaines aptitudes, qui va tomber amoureux d'une officier des services de police de la SS. De nombreux personnages, de tous horizons, s'agitent dans des chapitres alternés, afin de rendre compte de la complexité et des mouvements de ce monde qui bouge , qui change, où l'on peut passer de la prison au bureau de la préfecture ou du statut de patronne du meilleur bordel de Paris à cadavre délaissé sans aucun pleur. Les documents, un tableau volé signé Velázquez, la richesse ou simplement la survie, un certain sens de l'honneur, tout se mixe avec harmonie pour dresser un tableau extrêmement vivant de la période, reconstituée avec soin et sans manichéisme.
Citation
Mourir n'est pas dans mes projets immédiats. À moins que vous tuiez vos prisonniers sans jugement.