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Poche
Réédition
Tout public
216 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2648-8
Coll. "Noir", 937
Actualités
- 01/11 Édition: Parutions de la semaine - 1er novembre
Très peu de poches cette semaine, et pourtant c'est bien vers eux que devront se tourner les regards de tous les amateurs de romans noirs puisque les éditions Rivages proposent dans leur collection "Rivages-Noir" deux romans de Jim Thompson dans une nouvelle et complète (donc inédite) traduction. À ces deux romans, s'ajoute une version totalement remaniée de Placard, de Christian Roux, un texte initialement paru au Serpent à plumes en 2003. Mais ceux qui aiment les nouveautés contemporaines pourront se retourner vers le grand format où Albin Michel monopoliserait presque les parutions avec Pieter Aspe, Deborah Crombie et Tom Clancy. Notre préférence va vers Jean-Claude Lattès qui publie le nouveau roman de Megan Abbott, l'une des rares femmes à avoir écrit du hard boiled, aux éditions Rivages qui font paraitre le nouveau (mais très ancien) James Lee Burke, et au Masque qui propose une virée dans l'Arkansas avec John Brandon. Enfin, nous attirons votre attention sur le court roman d'Anouk Langaney, Même pas morte ! (Albiana), que nous avons chroniqué en ces pages.
Les bandes dessinées sont vampirisées par les comics qui offrent une profusion d'albums sur Thor - cinéma oblige. Dans ces conditions, la vingt-deuxième aventure de Canardo, le privé le plus boiteux, donc le plus canard, dessinée et scénarisée par Benoit Sokal chez Casterman, passerait inaperçue, tout comme cette bande dessinée dont vous êtes le héros, Sherlock Holmes (Makaka). Ce qui serait à n'en pas douter dommage !
Vous trouverez en jeunesse de la littérature urbaine d'anticipation, une cow-boy particulière, le retour d'Alex Rider et un conte du Pays basque.
Fictions adulte grand format :
Vilaines filles, de Megan Abbott (Jean-Claude Lattès)
13, de Pieter Aspe (Albin Michel, "Romans étrangers")
Tatouages, de Didier Beau (du Petit véhicule, "Soleil noir")
Little rock, de John Brandon (Le Masque, "Grands formats")
Déposer glaive et bouclier, de James Lee Burke (Rivages, "Thriller")
Cybermenace, de Tom Clancy (Albin Michel, "Thrillers")
Mort sur la tamise, de Deborah Crombie (Albin Michel, "Spécial suspense")
Blueberry Hill, de Fredrik Ekelund (Gaïa, "Polar")
Même pas morte, d'Anouk Langaney (Albiana)
Les Éperons maudits, de Éric Lefebvre (Riffle noir)
Mezos, de François Neurrisse (Terriciaë, "Policier")
Mourir, la belle affaire, d'Alfredo Noriega (Ombres noires)
Poussière d'anges, de Jean-Pierre Ribat (Thot, "Polar")
Appelez-moi Jack, de Sabrina Richard (City, "Thriller")
La Dernière enchère, de Michel Winthrop (Darval)
Fictions adulte poche :
Pièce détachée, de Pieter Aspe (Le Livre de poche, "Policier")
Des croix sur la route, de Jeffery Deaver (Le Livre de poche, "Thriller")
La Neige qui venait de l'ouest, de Firmin Le Bourhis (du Palémon)
Les Âmes torses, de Françoise Le Mer (du Palémon)
Placards, de Christian Roux (Rivages, "Noir")
Une femme d'enfer, de Jim Thompson (Rivages, "Noir")
Un meurtre et rien d'autre, de Jim Thompson (Rivages, "Noir")
Bandes dessinées :
Avengers. 4, Cœur de lion d'Avalon, de Chuck Austen & Olivier Coipel (Panini comics, "Marvel. Best comics")
Mighty Avengers. 1, L'Initiative Ultron, de Brian Michael Bendis, Frank Cho & Mark Bagley (Panini comics, "Marvel Deluxe")
Sherlock Holmes. 1, de CED (Makaka)
Thor : vikings, de Garth Ennis & Glenn Fabry (Panini comics, "Marvel. Marvel Dark")
Thor. 4, La Vengeance des enchanteurs, de Dan Jurgens (Panini comics. "Marvel. Best Comics")
Thor : the mighty avenger, de Roger Langridge & Chris Samnee (Panini comics, 100 % Marvel")
Thor : au nom d'Asgard, de Robert Rodi & Simone Bianchi (Panini comics, "Marvel graphic novels")
Loki, de Robert Rodi & Esad Ribic (Panini comics, "Marvel graphic novels")
Le Vieux canard et la mer, de Benoit Sokal (Casterman)
Thor. 1, Renaissance, de J. Michael Straczynski & Olivier Coipel (Panini comics, "Marvel. Marvel Select")
Thor : season one, de Matthew Surges & Pepe Larraz (Panini comics, "100 % Marvel")
Bloodshot. À feu et à sang, de Duane Swierczynski, Manuel Garcia & Arturo Lozzi (Panini comics, "100 % Fusion comics")
Archer & Armstrong. 1, Le Michelangelo code, de Fred Van Lente & Clayton Henry (Panini comics, "100 % Fusion comics")
Fictions jeunesse :
Robin des Bois, de Enyd Blyton & Jean-Claude Götting (Gauthier-Languereau)
Jérémy Couaille, de Valérie Bonenfant & Stéphane Louveau (Nats)
Jenny la cow-boy, de Jean Gourounas (Atelier du poisson soluble)
Le Voleur habile : un conte du Pays basque illustré, de Bruno Heitz (Le Genévrier, "Ivoire")
Alex Rider : roulette russe : spin off, de Anthony Horowitz (Hachette)
Catacomb city. 1, de Hilary Wagner (Albin Michel jeunesse, "Wizz")
Criminologie & prisons :
Les Dossiers d'Interpol : dans le secret des archives, de Pierre Bellemare & Jacques Antoine (J'ai lu, "Littérature générale. Document")
Les Nouvelles affaires criminelles de Corrèze, de Vincent Brousse & Philippe Grandcoing (De Borée, "Histoire et documents")
Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués, de Patrick Caujolle (Pavillon rouge
Cultures & conflits. 90, Où sont les murs ? : penser l'enfermement en sciences sociales (L'Harmattan)
Lucio, maçon, anarchiste et faussaire, de Bernard Thomas (Ravin bleu)
Profiling : comment le criminel se trahit !, de Danièle Zucker (Racine)
Problèmes sociaux & séécurité publique :
Sapeur-pompier volontaire : équipier secours routier : module 3 (Icône graphic)
Relations internationales
Le Roman de l'espionnage, de Vladimir Fedorovski (Le Livre de poche)
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Enfermement sexuel
Rivages réédite une version entièrement remaniée d'un roman de Christian Roux paru initialement au Serpent à plumes en 2003 : Placards. Les placards, en dehors même de leur mise aux..., c'est avant tout ces pans cachés de la vie de trois personnages qui ont de belles parts d'ombres. Mais le placard, c'est surtout là que vit l'un des protagonistes, un enfant d'une petite douzaine d'années, alors que sa mère se prostitue dans l'appartement. Pourquoi ? À la fois pour lui cacher la sordidité d'une vie et lui éviter ainsi une certaine mise en danger, mais également pour se le cacher, et oublier ainsi qu'il est le fruit du pécher, un bâtard orphelin qui a accéléré la déchéance de sa mère. L'histoire débute avec ce placard ouvert. Dans l'appartement, repose le corps de sa mère éventrée, les boyaux à l'air proprement nettoyés dans l'évier. Au sol, un cahier d'écolier à la prose enfantine et quelque peu attardée. Alice sur le seuil. Elle, c'est une voisine d'un étage supérieur qui s'en va à son travail. Photographe de son état, elle fige ces images d'horreur et vomit. Sans savoir pourquoi, elle récupère le cahier qu'elle va lire dans la journée, et se donner pour mission de retrouver le gamin qui s'est de toute évidence enfui. Le crime découvert, deux flics débarquent : Eustache et Samuel. Ils vont mener une enquête et de vastes introspections personnelles car tous les deux sont faillibles, et cette affaire trouve évidemment en eux une certaine résonance.
Christian Roux choisit plusieurs voies et autant de voix pour un roman rythmé dans lequel l'enfance est tout sauf un sacerdoce. Alice a été violée dans son enfance. Sa petite sœur également, mais elle a trouvé la force de se suicider avant l'arrivée trop tardive des gendarmes. Eustache a vécu une enfance tourmentée par la proximité de Dominique, un oncle bedonnant qui lui a fait découvrir une sexualité homosexuelle attirante et repoussante. Quant à Samuel, il a fui son foyer pour éviter à sa fille de subir ses propres assauts. Le roman joue alors des failles humaines et temporelles, s'appuie sur une variation de tonalité et de police de caractères. Enlevé, il ne souffre d'aucun réel suspense mais débute comme un vulgaire (au sens premier du terme) thriller avec cadavre dépecé et course-poursuite après un criminel et une future victime, pour se clôturer comme un roman noir et sombre avec une résolution qui laissera des traces. C'est là le joli succès d'époque d'un romancier qui avait eu avec Braquages, le Prix SNCF du polar dans la catégorie "Premier roman" l'année précédente. Un ancrage dans la misère et les non-dits familiaux. Avec des placards ouverts dans l'enfance de chacun des protagonistes, des placards sales, qui puent le renfermé, et pas que à cause de la poussière. L'univers dépeint par Christian Roux dans ce roman met en avant la corruption de l'enfant par les adultes. L'innocence ne dure pas longtemps. Les filles n'ont même pas le temps de découvrir leur adolescence et les premières règles pour être violentées avec l'accord tacite d'une mère furibonde assujettie aux règles du père. Les garçons ne sont pas mieux lotis avec de vieux oncles libidineux. Alice tentera de sauver l'enfant que grande sœur elle n'a pas pu sauver. Au détriment de sa vie ? Les vivants de ce roman sont au mieux des épaves, des morts en puissance, au pire déjà morts. L'on n'insistera jamais assez sur l'originalité et la tonalité du roman. Sur ces jeux d'écrits qui dépareillent des "je" des personnages. Dix ans après, Placards a toujours la même force évocatrice, et ses portes ne se sont toujours pas refermées, peut-être un peu plus ouvertes, mais le fond est toujours malheureusement aussi sombre...
Citation
Le père, lui, cessa pendant trois semaines de violer ses filles, mais frappa plus souvent sa femme.