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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Paris : Les 2 terres, octobre 2013
308 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-84893-141-8
Secrets bourgeois
Le titre du nouveau roman de l'Anglaise Ruth Rendell mettant en scène l'inspecteur Wexford rend compte dès le départ de son atmosphère générale. Toute société, tout groupe, tout humain a besoin d'un endroit secret, d'un endroit où il doit et peut enterrer ses problèmes. Chez Ruth Rendell, de toute façon, le propre du roman policier c'est de décrire la psychologie des personnages, d'appuyer sur les zones sombres, d'essayer de décortiquer la manière dont chacun essaie de gérer son identité publique et ses envies cachées.
À Londres, c'est une belle demeure privée sans cave qu'a acheté le nouveau propriétaire. Enfin, c'est du moins ce que tout le monde pense jusqu'à ce qu'il débusque l'entrée de la cave dans son jardin à l'intérieur de laquelle gisent les cadavres de deux femmes et d'un homme... La police enquête difficilement, mais il s'avère que les morts sont d'époques différentes, ce qui induit que plusieurs coupables ont utilisé cette même cachette. L'enquête piétinant, elle est confiée à l'inspecteur à la retraite Wexford, qui agit en qualité de consultant extérieur, alors qu'il a déjà fort à faire avec sa fille dans une situation très délicate. Il doit tout d'abord, en reconstituant l'histoire de la maison, identifier les morts ou ceux qui auraient pu avoir connaissance de la cave. Subsiste un cadavre inconnu...
La solution viendra de l'étude attentive des personnalités et des secrets cachés. En interrogeant les voisins, l'inspecteur à la retraite Wexford soulève des lièvres, découvre la face caché du décor des riches et moyennes banlieues à travers des clandestins qui font vivre tout ce monde. La vérité passe ici à travers une petite maison sans histoire, avec des voisins sans importance, le tout cachant des éléments horribles se déroulant derrière des façades bourgeoises.
Le récit prend son temps, Ruth Rendell maîtrise stylistiquement ces horizons d'attente, ce lent dévoilement de la vérité, cette patiente vérité qui surgit des profondeurs. Tout le monde cache quelque chose (y compris sa propre fille que l'on croit pourtant connaître), se sert de faux-semblants, d'habits pimpants, des portes fermées et de caves murées pour dissimuler ses propres envies, ses rancœurs, son monde étriqué érigé en principe de vie. On comprend d'autant mieux pourquoi Claude Chabrol appréciait les intrigues de Ruth Rendell : elles renvoyaient à son propre univers, celui des petites gens mesquins, embourgeoisés et contents de l'être, cachant bien à l'abri leur médiocrité, et tuant pour la conserver.
Citation
Il a dit qu'il n'avait jamais entendu quelque chose de pareil, et pourtant j'en doute. Le trafic de femmes, c'est le genre de chose qu'on lit souvent dans les journaux.