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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du danois par Agnès Jaubert
Paris : Le Serpent à plumes, mai 2009
352 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-268-06801-5
Coll. "Serpent noir"
Dar(k)ling Jim
Une petite commune d'Irlande se retrouve sous le choc : en son sein, un drame horrible s'est noué, une découverte macabre en a résulté. Une maison à l'écart. Une étrangère qui ne sort jamais. N'ouvre que furtivement sa porte à un facteur simplet, intrigué mais qui ne le sait pas qu'il est intrigué car quelque chose cloche comme cette impression d'être observé. Un jour, le pot aux roses est découvert car l'étrangère est morte. La maison révèle les corps de deux sœurs, une dans une chambre, l'autre dans la cave, victimes de malnutrition et de maltraitance. Plus tard, un autre postier, dessinateur en herbe, les pieds au ciel, découvre le journal de la première et se plonge dedans. Commence alors une lecture haletante qui lui procure l'occasion de réaliser son Odyssée propre dans un monde hostile et de suivre un étrange conteur, un senchaí aussi beau que machiavélique, qui sème l'amour, la jalousie, la mort. Parallèlement, il recherche le deuxième journal pour savoir, juste savoir.
Dar(k)ling Jim est un étrange roman d'atmosphère proposant des drames psychologiques aux multiples ramifications. L'histoire en elle-même est un peu tirée par les cheveux avec autant de personnages qui sont autant d'archétypes (ce premier roman doit être remis en perspective : Christian Mørk est à l'origine scénariste pour la télévision ; il a tendance ici à esquisser plus qu'à créer des personnages). Les journaux des deux sœurs, que notre antihéros cherche et lit, proposent, ce qui est dommage, deux parties d'une même histoire et non deux versions d'une même histoire. On voudrait être envoûtés comme le sont les clients du pub où le senchaí raconte son histoire avant de se taper la plus belle femme du lot pendant que son acolyte dévalise sa maison. Une autre façon de prendre son pied de biche, quoi. Mais non. Quelques incohérences scénaristiques sont occultées par le style et l'avidité qui nous prend de tourner la prochaine page. Christian Mørk est un plus grand senchaí que son senchaí.
Le style justement. Froid. Incisif. Aussi cru que cruel. L'angoisse qui étreint le facteur qui arrive dans une ville d'Irlande où les morts sont plus vivants que les vivants, où les enfants en savent trop et jouent les manipulateurs, n'est que peu de chose comparée à celle qui nous prend. Le sentiment d'oppression est omniprésent et Christian Mørk crée un huis clos ouvert ! On assiste, impuissants, à un drame de l'Antiquité poussé à l'extrême. La passion amène la jalousie dont découle le drame. Équation banale mais juste qui ne contient que très peu d'inconnues. Le talent de Christian Mørk est alors de multiplier ces inconnues et de nous révéler peu à peu les pièce d'une tragédie celte. Le fait que le roman parait simultanément dans quatorze pays, élément mis en avant par l'éditeur sur la quatrième de couverture laisse cependant pantois.
On en parle : La Vache qui lit n°105 |Alibis n°32
Nominations :
Prix Polar international 2009
Citation
J'avais l'impression que Jim avait fabriqué une corde faite de charme, de jalousie, de spéculation, et qu'il m'étranglait avec mes propres désirs.