Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués

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Essai - Policier

Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués

Braquage/Cambriolage - Arnaque - Faits divers MAJ jeudi 21 novembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Patrick Caujolle
Préface de Claude Cancès
Villeveyrac : Papillon rouge, octobre 2013
288 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-917875-43-8

Hommes de biens

"Notre passion commune du métier de flic, raconte Claude Cancès, ex-directeur de la PJ dans sa préface, nous a amenés à une rencontre fortuite, à l'occasion d'une séance de dédicaces, au cours de laquelle j'ai pu apprécier le talent avec lequel il évoque ces années de prise directe avec la criminalité [...] Avec ce passionné, pas de romance, pas de fioritures ni d'interprétations. Mais des faits, des procès et des dialogues, la réalité puisée aux meilleures sources." Nous voilà donc prévenus !
Et, de fait, Patrick Caujolle n'ennuie à aucun moment. Il faut dire qu'il a matière à écrire, avec toutes les têtes d'affiche qu'il aligne. Le format de quelques pages qu'il adopte pour chaque affaire est aussi le moyen le plus sûr de ne pas se lancer dans les digressions. Cet ouvrage est donc destiné à un public néophyte qui voudrait asseoir ses bases en histoire criminelle. Au programme, les grands assassins : Landru, Petiot, Vacher, Weidmann et Thierry Paulin le tueur de vieilles dames... Mais aussi les grands bandits : Cartouche, Mandrin, Bonnot, les Chauffeurs de la Drôme, Pierrot le Fou, Émile Buisson, le Gang des Lyonnais, Spaggiari, Mesrine...
Avec sa chronologie bouleversée, son écriture alerte, son style rapide, l'auteur remporte le pari de cette nouvelle compilation française. Il n'oublie pas de nous livrer des personnages un peu moins connus comme Charles Jud, le premier tueur en train (1860) dont les méfaits, les déguisements, les fuites terrifièrent l'opinion qui voyait le criminel partout. Condamné à mort par contumace, il ne fut jamais attrapé. Autre figure : Alexandre Jacob né en 1879, ancien mousse, anarchiste, cambrioleur de bijouterie avec sa bande. C'est lui qui perçait les plafonds, y glissait un parapluie et l'ouvrait pour récupérer sans bruit les gravats de l'agrandissement du trou. Il inspira Arsène Lupin d'après l'auteur. Condamné au bagne de Guyane, il fera dix-sept tentatives d'évasion et passera dix-neuf ans sur l'île Saint-Joseph pour finir sa peine en Métropole. Libéré en 1927, il entamera une nouvelle vie militante. Jean Pomarèdes, pourtant riche viticulteur dans les années 1830, incendie ses bâtiments pour escroquer les assurances. "Dès lors, devant les dettes qui s'accumulent, sa décision est prise : il sera viticulteur le jour, bandit de grand chemin la nuit. À compter de décembre 1837, c'est ainsi toute une région qui se trouve plongée dans la violence." Car Pomarèdes va tuer, voler, dévaliser...
Finissons par le "fabuleux baron Ludinghausen" qui monte des coups géniaux avec l'aide de sa vieille mère pour voler tableaux et bijoux. En 1949, il emporte un Goya du musée d'Agen grâce à un subterfuge enfantin. En 1948, c'était un Toulouse-Lautrec et un Marquet qui avaient disparu du musée d'Albi. Il frappe dans toute l'Europe et multiplie, comme sa mère, de ronflantes identités. Hélas, madame mère a l'habitude de voyager avec son ouistiti et un tel animal de compagnie ne passe pas inaperçu. Ils sont arrêtés en Suisse avec le Goya. Ludinghausen, sans sa mère, affronte les juges à Berlin et est condamné à trois ans et demi de prison. Il reprend ses activités dès sa sortie. Après de fabuleux droits de douanes payés en amende pour dissimulation d'un Vermeer sous une croûte, il vend le tableau une fortune en Amérique. Les droits de douanes ont, en fait, servi à "authentifier" le tableau qui était faux... Quel magnifique scénario ! D'une manière étonnante, on ne trouve aucune mention de cet incroyable escroc sur internet. L'auteur a bien voulu nous détailler ses recherches pour combler ce manque : "Pour ce qui est de Ludinghausen, je me suis intéressé à lui dans le cadre d'un livre à sortir en février sur Les Grandes affaires criminelles du Lot et Garonne. Ayant appris qu'un Goya avait été volé en 1949, j'ai donc épluché toutes les coupures de presse des journaux locaux (La Dépêche et Sud-Ouest). Les faits connus, j'ai alors cherché sur le site de la Bibliothèque de Toulouse (ressources... collection rosalis... nos collections) pour 'gratter' sur de vieux journaux numérisés (Le Journal de Toulouse, Le Midi socialiste) lesquels ont un moteur de recherche... C'est là où j'ai eu des précisions sur les fausses identités de l'homme et sur ses précédentes affaires... Le tout lié avec Les Dossiers d'Interpol (le 2 je crois) de Pierre Bellemare où il relate l'histoire du faux Vermeer. Voilà, vous en savez autant que moi."
Une excellente trouvaille au tableau de chasse de Patrick Caujolle.

Citation

Aujourd'hui, plus protégé que jamais, l'autoportrait de Goya attend toujours votre regard au musée d'Agen. Comment Ludinghausen, sa mère et le ouistiti l'auraient-ils écoulé ? L'histoire ne le dit pas.

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 21 novembre 2013
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