Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sebastian Danchin
Paris : Pocket, janvier 2013
382 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-22619-6
Coll. "Thriller", 15124
Torture porn
Voilà donc LA dernière sensation du best-seller industriel sorti en poche (nous avons également chroniqué le second, Il coule aussi dans tes veines qui, à la réflexion, est plus ou moins une décalque de celui-ci, en mieux...). La structure choisie est LA trouvaille du roman, à savoir la retranscription par la narratrice de ses sessions chez un psy. Des faits assez traumatisants, puisqu'on découvre qu'elle fut enlevée et séquestrée par un inconnu, qu'elle en vint à surnommer cet inconnu le Monstre, qui lui fit subir toute une série de rituels réglés comme du papier à musique en plus d'abuser d'elle. Et c'est là que le bât blesse : de par la structure, on sait que l'héroïne s'en est sortie, il suffit donc d'attendre le moment où elle se retournera contre son tortionnaire, ce qui est fait de façon expéditive et, bien sûr, de par la bêtise même du criminel, ce qui fait qu'on se demande pourquoi l'héroïne n'a pas réagi plus tôt. Et pour en arriver là, il faut se cogner deux cent et quelques pages de tortures physiques et morales (brisant même un tabou qu'on ne peut définir sans déflorer) que le fait de prendre le parti de l'héroïne semble absoudre de toute complaisance... Plus intéressante est la description des séquelles psychologiques de ce qui s'apparente à un dressage et la façon dont l'héroïne tente de s'en débarrasser, mais il manque ce côté fuligineux, jusqu'au-boutiste d'un Misery, par exemple. Difficile d'avoir beaucoup d'empathie pour l'héroïne, qui n'a guère d'autre existence qu'à travers les épreuves qu'elle subit. Après ces presque quatre cents pages, on a le droit à un retournement tout de même un brin capillotracté comme quoi le ravisseur a agi sur commande. C'est tout ? C'est tout. Et apparemment, c'est ce qu'il faut pour faire un best-seller. On pourrait faire le même type de reproche qu'au dernier Karine Giébel (qui, lui, donnait carrément dans l'horreur tout court) : qu'est-ce qui donne envie de lire deux cents pages consacrées à la dégradation physique et mentale des personnages centraux ? On vit une drôle d'époque...
Citation
Un dernier point avant que vous me posiez la question. Non, docteur, je n'ai pas toujours été aussi chiante.