Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Bertrand Tavernier (présentation)
Richard Carlson (acteur)
Paris : Bach Films, février 2010
1 DVD VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "Serial Polar"
Chasseur déprime
Quinze ans avant Samuel Fuller et son impressionnant Shock Corridor, Budd "Oscar" Boetticher réalise L'Antre de la folie dans laquelle un détective privé se fait volontairement enfermer dans un asile psychiatrique pour en déloger un juge corrompu qui s'y terre et dont la tête est mise à prix dix mille dollars. Les ressorts sont quasiment les mêmes, sauf que pour cette série B. le ton est nettement plus léger, l'approche plus manichéenne, et l'épilogue vire à la romance qui se termine bien. Dans le rôle du détective privé Ross Stewart qui va jouer les dépressifs et enquêter de l'intérieur, Richard Carlson, qui a déjà joué pour les plus grands réalisateurs de mauvais genres, et qui excelle à prendre des postures désinvoltes en souriant à la Droopy. Celle qui l'incite à enquêter, Kathy Lawrence, journaliste de son état, séductrice dans les faits (et qui va évidemment se jeter dans les bras du détective à la fin), c'est la danseuse et actrice née à Amsterdam Lucille Bremer. Pendant le film, elle joue le rôle de la femme de Ross Stewart, qui multiplie les allées et venues dans la clinique privée où le détective interné enquête et côtoie un docteur et deux infirmiers (un bon, un gentil, comme les flics mais dans ce cas pour de vrai). Le suspense est passablement absent. Dès le début de son internement, Ross Stewart partage une chambre avec deux autres patients qui subissent les mauvais gestes de Larson, un infirmier qui manipule aisément une petite arme métallique de torture, et qui a vraiment la gueule de l'emploi. Le juge est terré au fond du quartier de sécurité derrière deux cellules dont une est occupée par Champion, un boxeur devenu dingue à cause de prendre des coups, et qui boxe dans le vide dès que le gong résonne (très important pour plusieurs passages du film). Le juge a une maitresse, boit beaucoup et fume le cigare, ces trois occupations auront bien entendu une incidence sur le déroulement de l'intrigue très linéaire (un pyromane sera aussi de la partie). Dans cet univers calfeutré et stérile, l'art du cadrage de Budd Boetticher est tout en maitrise avec un jeu brillant sur les ombres qui fait qu'il superpose des barreaux à d'autres dans presque chaque scène, et que l'impression d'incarcération est ainsi double. La lumière est excellente, les dialogues sont très bien écrits, et les acteurs à aucun moment ne surjouent. Il se dégage une impression très haut de gamme pour une série B. qui offre une heure de bon divertissement.
L'Antre de la folie (62 min.) : réalisé par Budd Boetticher (sous le pseudonyme d'Oscar Boetticher) sur un scénario de Eugene Ling & Malvin Wald. Avec : Lucille Bremer, Richard Carlson, Douglas Fowley, Ralf Harolde, Thomas Browne Henry, Herbert Heyes...
Bonus. Présentation du film et du réalisateur Budd Boetticher par Bertrand Tavernier.
Citation
- Il nous faudrait un proche parent pour vous faire interner.
- Je suis sûr que mes proches seraient enchantés, si j'en avais.