Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
158 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-258-09714-8
Coll. "Petits noirs"
Breton sur ton
Flora était jadis serveuse au Café des Embruns, le bar des marins pêcheurs de ce village de Bretagne. Flora qui épousa Vinoc le pêcheur, mais ne résistait pas aux attraits du riche Nonna, le coq du village... Et un beau jour, pris d'un coup de folie, Vinoc tua son équipage et poussa lui-même son bateau sur les rochers. Un suicide ? Et pourtant, on n'a jamais retrouvé le corps… Aujourd'hui, Flora s'est rangée des voitures, fréquente toujours Nonna et a laissé le bar à sa fille Viviane, la délurée, qui vient d'avoir dix-huit ans et espère toucher sa part de l'héritage de Vinoc. C'est alors que débarque Rosen, un taciturne marin danois qui s'installe juste en face du Café des embruns...
Ce roman paru originellement en 1991 chez Denoël, alors que l'auteur, étoile filante du néo-polar en fin de parcours après avoir rempli son office (coup de pied au derrière ou pétard mouillé, ça, d'autres en débattront mieux que nous), entamait une judicieuse reconversion vers la "blanche", est-il un polar ? Plutôt un mélodrame criminel avec une touche années 1990 déjà surannée, mais pas forcément déplaisante. Mais cette histoire tragique d'hommes rudes, de femmes à marins, d'adultère et de classe sociale évoque les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leurs mères courages et leurs héritages maudits ! Le tout avec le style de Hervé Jaouen qu'on apprécie ou pas, mais qui a l'avantage de ne ressembler à aucun autre, et pas uniquement lorsqu'il décrit cette Bretagne devenue son fonds de commerce, diront les mauvaises langues. Pas de doutes, pour les aficionados de l'auteur, cette réédition d'un livre "perdu", qui se débusquait uniquement dans certaines libraires d'occasion, s'imposait. Les autres risquent de trouver le tout un rien daté, même si l'effort sur le prix (sans baisser la qualité de fabrication typique des Presses de la Cité) en fait une bonne affaire.
Citation
Il y avait du vent. Dans ce pays, il fait partie de la famille, il ne part jamais en voyage, ou bien s'il prend la mer et les marins, c'est pour revenir sabrer les tamaris, roucouler sous les fenêtres, hurler dans l'âtre, cogner aux portes, soulever les ardoises et mettre son nez dans les maisons, souffler son haleine salée qui empeste le poisson pourri, la fumée de mazout et le varech en décomposition.