Contenu
Black cocaïne
Grand format
Inédit
Tout public
252 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-207-11492-6
Coll. "Sueurs froides"
Enquête en solo
Le détective privé des romans policiers se trouve généralement confronté aux véritables maitres de la ville, aux forces obscures, aux alliances logiquement impossibles entre forces économiques, forces militaires et politiques. Mais Laurent Guillaume situe son intrigue au Mali, quelques temps avant le grand chambardement organisé par l'armée française, pour nous présenter un paysage inquiétant : le héros fait face non plus à quelques nervis d'un truand local, mais à des forces qui ont phagocyté l'État. Lors de ses pérégrinations pour découvrir la vérité, il rencontrera des forces armées paramilitaires, des grands généraux de pays étrangers venus incognito faire du trafic de drogue avec des avions cargo, et de riches mafias colombiennes installées avec pignon sur rue au cœur même de l'appareil bureaucratique local.
Le héros au nom prédestiné s'appelle Solo. Bien que d'origine malienne, ce détective privé est un ancien flic français qui a vengé la mort de sa famille et a dû quitter la France. Installé à Bamako, son travail consiste surtout à savoir qui corrompre pour obtenir informations ou libérations. Sauf qu'un jour, il est contacté par une avocate qui l'engage pour faire sortir de prison sa sœur, arrêtée comme "mule". Plus tard, la sœur sera retrouvée morte en laissant en guise d'héritage tout un lot de questions. À peine l'enquête commencée, Solo se retrouve menacé, et est prêt à abandonner ses investigations, seulement - erreur fatale - des hommes s'en prennent à son seul et forcément meilleur ami : ce sera donc une lutte à mort entre Solo et les assassins.
Laurent Guillaume est à la fois policier de formation et a travaillé au Mali. Ces deux éléments lui permettent de donner vitalité à une intrigue de facture classique mais qui étonne par ses prolongements. Cette connaissance du terrain ne l'empêche pas de savoir raconter une histoire et de présenter des acteurs. Son personnage central est décrit avec vigueur et empathie, et certains seconds couteaux ont un portrait dressé à vif de manière saisissante comme le chef de la police, le vieux domestique, un mercenaire garde du corps, l'avocate. En quelques lignes, il parvient à nous installer dans son histoire, nous prend par la main, et il est impossible de lâcher ce roman qui parcourt dynamiquement la capitale, fonce dans les zones rurales calmes, se détourne par une ligne de front, une sorte de no man's land où tous les trafics se rejoignent, où les truands classiques, les jihadistes et les généraux algériens se retrouvent pour leurs bénéfices mutuels. Même si certains gros faits divers laissent entendre de telles interactions entre forces vives d'un pays, l'on comprend aisément le bourbier malien, les difficultés rencontrées depuis un an pour essayer d'établir un semblant d'État de droit dans un pays où la cupidité est érigée en maitresse absolue.
Citation
Bagayoko me jaugeait d'un air fat depuis son bureau immense et nu. J'avais oublié de préciser qu'il fuyait le travail comme la peste, déléguant tout ce qu'il pouvait à ses subordonnés pour s'adonner à son vice : le poker sur Internet.